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Mahmoud Boudarène psychiatre : «La vie en captivité laisse une cicatrice indélébile»
Publié dans Horizons le 01 - 12 - 2010

Le docteur Boudarène, psychiatre de son état depuis de longues années, se penche ici sur la souffrance intime que constitue un enlèvement pour une personne. Une séquestration laisse toujours des traces dans l'esprit de celui qui la subit. Il nous parle également des moyens de dépasser cette souffrance et d'en guérir. Quels effets nocifs ont un rapt, une séquestration ?
Bien identifiés aujourd'hui, ils sont néfastes sur la vie psychique et l'équilibre psychologique de la victime. Je ne vais pas les détailler, ce serait trop savant et peut être rébarbatif. Un enlèvement constitue toujours une expérience traumatisante, quel que soit le niveau de violence (d'agressivité) qui l'a accompagné. La vie en captivité ayant une relation de proximité avec la mort, elle laisse une cicatrice indélébile dans l'organisation psychique qui agira comme une épine irritative. Elle empoisonnera à jamais l'existence de l'individu. Des désordres psychiques plus ou moins graves vont contrarier son destin et perturber sa vie. Angoisse avec attaque de panique, irritabilité, troubles de l'humeur avec agressivité, insomnie, cauchemars terrifiants et répétés, souvenirs (réviviscences et flash) désagréables, inadaptation sociale et professionnelle, comportements addictifs (toxicomanies), etc. sont les troubles habituellement observés. Ils seront isolés ou plus ou moins associés pour constituer des tableaux cliniques variés qui s'inscrivent toujours dans la rubrique de l'état de stress post-traumatique , pathologie identifiée et bien spécifiée par l'école américaine de psychiatrie.
L'idée de l'épine irritative est pour rappeler que la pathologie présentée peut se manifester ou s'aggraver à la faveur de la confrontation du sujet avec des situations réelles ou imaginées (remémorées) ou encore de souvenirs rappelant l'expérience vécue. L'apparition brutale de désordres psychiques ou leur aggravation, en particulier les crises d'angoisse, surprend toujours l'entourage ou la famille qui ne comprend pas ce qui arrive. Le rappel ou le souvenir de l'expérience traumatisante a valeur d'une réalité tangible pour la victime. Les troubles font irruption avec brutalité et acuité. Si l'état de stress posttraumatique est généralement responsable d'un handicap grave avec une désinsertion sociale habituelle, il peut être moins grave et ne pas hypothéquer l'équilibre social du sujet, même si ce dernier souffre toujours dans la solitude.
La plupart des personnes enlevées refuse de s'exprimer. Seulement par peur ?
Sans doute par peur mais pas celle que l'on peut tous connaître à un moment ou à un autre, c'est-à-dire la peur objective, mais plutôt par l'angoisse importante qui envahit la victime et qui fait qu'elle peut, à sa libération, être dans un état de prostration avec un mutisme et un refus de communiquer. Cet état de prostration n'est pas la règle car le sujet peut aussi se présenter, toujours du fait de l'angoisse, dans un état d'excitation avec une euphorie et une étonnante facilité à raconter son « aventure ». D'autres fois, un véritable état d'agitation avec un syndrome confusionnel et une perte du sens de la réalité constitue le tableau clinique. Nous sommes alors dans un état de vraie folie, heureusement momentanée.
En réalité, cela dépend de plusieurs facteurs. Il y a d'abord la personnalité du sujet et sa capacité à absorber et à «digérer» le traumatisme. De l'organisation de la personnalité dépend d'ailleurs l'avenir psychologique du sujet mais également la nature et l'intensité des troubles qui vont apparaître. Les conditions de détention sont également importantes.
Est-ce que le sujet a été victime de violence physique ou psychique ? Dans tous les cas, il y a un véritable lien avec le degré de proximité avec la mort. Est-ce que la victime risquait réellement sa vie ? Est-ce que cela lui a été signifié directement ou indirectement ? Est-ce que l'analyse de la situation par l'otage, a immiscé dans son esprit la probabilité ou le risque de mourir ? Est-ce qu'il a fait l'expérience de tortures physiques ou psychologiques ?
Est-ce qu'il a eu à subir des simulacres d'assassinat ? Est-ce qu'il a assisté à l'exécution d'autres otages ? Autant d'éléments qui s'additionnent pour rendre plus probable l'apparition de désordres psychiques qui permettent d'évaluer le risque pour l'avenir du sujet.
Les répercussions sur la santé mentale de l'individu sont aussi - cela me semble très important - en étroite relation avec l'identité des agresseurs et les motivations qui ont amené à l'enlèvement. Il est aisé de comprendre que le risque de perdre la vie est moins important si les motivations sont d'ordre financier, demande de rançon.
A contrario, si les motivations sont d'ordre politique ou idéologique, le risque pour la vie est plus grand. Tous les enlèvements qui ont eu lieu, pour ces raisons, dans notre pays ont fini par l'exécution de la victime. Il est aisé de comprendre que l'impact sur la vie psychique est différent selon le cas parce que justement le degré de proximité avec la mort (le risque pour la vie) n'est pas le même. Des situations paradoxales où les victimes réussissent à susciter chez leurs ravisseurs un courant de sympathie (à leur encontre) ont été décrites. Les sujets enlevés sont souvent dans ce cas, eux-mêmes, acquis à la cause défendue par les ravisseurs. Ce cas de figure est généralement rencontré dans les enlèvements perpétrés pour des raisons politico-idéologiques. On parle alors de syndrome de Stockholm.
Qu'est-ce qui peut dans ces cas avoir une fonction de catharsis ?
Si je pouvais répondre à cette question, j'aurais définitivement réglé le problème du traitement de l'état de stress post-traumatique et être candidat au Nobel de médecine…avec des chances de l'obtenir.
Plus sérieusement, je ne sais pas vraiment si une telle situation peut se suffire d'un simple catharsis ou même si celui-ci en constitue une forme d'indication thérapeutique. La prise en charge des troubles psychiques liés au rapt et à la séquestration est complexe et peut bénéficier de plusieurs apports à la fois. Un apport thérapeutique médicamenteux, sans doute, mais aussi un apport de toutes les formes de psychothérapies, selon les cas et selon la sémiologie présentée.
Dans les jours qui suivent la libération de la victime, il faut faire un examen médico-psychologique complet et évaluer avec le maximum de perspicacité l'état de santé du sujet. Dans tous les cas, il faut, à mon avis, laisser l'initiative de la parole à l'individu. Il ne faut surtout pas le forcer à parler et à raconter, « ne pas lui tirer les vers du nez » et lui permettre de s'exprimer au moment qu'il aura choisi et avec les personnes auxquelles il aura décidé de se confier. Il appartient au médecin, psychologue... de se montrer disponible, attentif, bienveillant et patient. Laisser dans certains cas le temps au temps.


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