Comparaissant jeudi dernier comme témoin, Yousef Akli, ex-directeur général de la caisse principale de la banque Khalifa qui avait purgé une peine de 10 ans, a déclaré qu'au début du lancement de la banque, « c'est Khalifa Abdelmoumen qui venait en personne prendre l'argent ». Le juge lui demande de présenter le fonctionnement de la caisse. Le témoin expliquera « qu'il recevait l'argent des autres caisses dans des sacs et à l'intérieur, il y avait des écritures entre sièges ». « Dans votre déclaration au juge d'instruction, vous aviez déclaré que le PDG vous envoyait des personnes à qui vous remettiez l'argent, est-ce vrai ? », interroge le président du tribunal. « Oui, quelques mois plus tard, j'ai reçu une communication de Khalifa qui m'a communiqué les noms de Dellal Ouahab, Abdelwahab Redha, Mir Ahmed et Salim Benabdellah désignés pour venir à la caisse retirer de l'argent à son profit », témoigne l'ex-DGA de la caisse. « Comment vous donniez l'argent, avec quelle écriture comptable ? », demanda le président du tribunal. « J'inscris le montant attribué à Khalifa sur un bout de papier pour permettre de solder la caisse plus tard », répond Akli. « Et comment vous justifiez cet argent sans aucune traçabilité ? », intervient le président du tribunal. « J'exécutais les ordres du PDG. C'était son argent », a déclaré Yousef Akli. « Comment comptabilisiez-vous les sommes d'argent que vous remettiez à Khalifa ? ». « Ce sont des extracomptables », répond Yousef Akli. Il explique que les soldes comptables envoyés à la comptabilité par la caisse principale ne reflètent pas les chiffres exacts. « Ce sont eux les responsables. Ce n'est pas moi », justifie-t-il, ajoutant que Khalifa a désigné par la suite Chachoua Abdelhafid et Karim Smail qui venaient souvent récupérer l'argent pour le remettre au PDG. « Est-ce qu'un jour une commission d'inspection est venue contrôler la caisse ? », questionne le président. « Il n'y a jamais eu de commission de contrôle », répond Akli. « Mais selon le PV du juge d'instruction, vous aviez déclaré qu'une commission est venue, puis elle est repartie sans contrôler », lui rappelle le magistrat. « Oui, c'est une inspection interne représentée par Agaoua. Ce dernier n'a rien contrôlé. Au moment où il est arrivé à la caisse, il reçoit un coup de téléphone et il est reparti sans rien contrôler », raconte Akli. Le témoin explique qu'il a été convoqué à la DG sans savoir pourquoi. Akli sera reçu par Chachoua Abdelhafid qui lui explique que le PDG exige la régularisation de la caisse principale. « J'ai exécuté et j'ai envoyé les pièces comptables à la comptabilité, plus précisément à Nekache Hammou, le DG adjoint de la comptabilité qui avait refusé de signer la régularisation de la caisse ». « C'est Chebli Mohamed qui a régularisé la caisse. Nekache Hammou a refusé car il savait qu'il n'était pas possible de maquiller un trou de 3,2 milliards de dinars », intervient le président du tribunal. « Je crois que Nekache a refusé parce que l'administrateur Djelab venait d'être installé », fait remarquer Yousef Akli. Le président du tribunal demande à Khalifa Abdelmoumen de s'exprimer sur les 11 ES (écritures entre sièges). « Non, ce n'est pas vrai, les ES ne sont jamais sorties des caisses. Ce qu'il dit n'est pas logique. pIl dit que j'ai délégué trois personnes pour me ramener de l'argent. Ça c'est nouveau », a répondu l'accusé. « Khalifa Abdelmoumen, Chachoua et les autres savent bien que je ne mens pas. Je maintiens tout ce que j'ai dit depuis le premier jour du procès », réplique Akli. Chachoua demande au président la parole. « Il déclare qu'en 1999, il m'a remis de l'argent pour Khalifa alors que moi, j'ai commencé en 2001 ». « Je n'ai pas dit que Chachoua est venu en 1999 », réplique Akli. Huit ans de prison pour une signature Chebli Mohamed, agent de caisse, a purgé une peine de huit années de prison à cause de la signature de la régularisation de la caisse principale. Selon lui, il n'a pas régularisé la caisse car il n'est pas capable de le faire. « J'ai juste fait la saisie de la régularisation qu'Akli, mon responsable à l'époque, m a demandé de faire ». « C'est cette signature qui vous a coûté huit ans de prison. Pourquoi vous avez signé à la place des autres ? », demanda le magistrat. « J'ai signé parce que j'avais fait la saisie de la régularisation. Ce n'est pas moi qui ai fait le contenu », réplique Chebli. Appelé à la barre comme témoin, Djamel Azziz, ex-directeur de l'agence de Khalifa Bank d'El-Harrach, qui a purgé une peine de dix ans de prison ferme, « revient » sur ses déclarations faites devant le juge d'instruction. Le président lui rappelle qu'il avait déclaré au juge et en présence de son avocat que Khalifa Abdelmoumen envoyait des personnes comme Chachoua pour lui ramener de l'argent. « Non, je n'ai pas dit ça », réfute Djamel Azziz. « Qu'est-ce que vous avez dit alors ? », demanda le magistrat. « J'ai expliqué que le PDG a donné des instructions demandant à toutes les agences de ne pas laisser plus de 100 millions de centimes dans les caisses. Et c'est pour cette raison qu'il envoyait des cadres de la DG pour convoyer le surplus d'argent de la caisse vers la caisse principale ». « Des personnes viennent comme ça à la caisse transporter de l'argent ? », demande le président du tribunal. « Oui, ce sont les instructions du PDG », argumente Djamel Azziz. Ce dernier a tout nié même si le président le confronte avec Akli Youssef qui le désavoue. « Tout ce qu'il a dit, makach menha (ce n'est pas vrai). Il n'y a jamais eu de personnes pour transporter l'argent. Ce sont des convoyeurs qui le font », dira-t-il.