Le dernier vestige de la guerre froide risque de connaître un embrasement, plus de 6 décennies après la signature d'un cessez-le-feu. Si la fin de l'embargo contre Cuba, concrétisé par le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays, a nourri l'espoir d'un monde plus sûr, le retour à la belligérance entre les deux Corées est porteur d'un risque de confrontation armée brandi par Pyongyang en « état de guerre », depuis hier (8h30 GMT), et Séoul, avertissant d'une riposte à « tout acte irréfléchi ». Moins de 24 heures après l'échange de tirs d'artillerie dans la zone démilitarisée, l'armée du peuple coréen (APC) a été placée en état d'alerte maximale. Le président nord-coréen, Kim Jong-Un, a appelé l'armée à se tenir « pleinement prête au combat et à lancer des opérations surprise » tout au long de la ligne de front en « semi-état de guerre », selon l'agence de presse KCNA. Des troupes ont été amassées à la frontière où sont déjà déployées des batteries d'artillerie, équipées, notamment, de lance-roquettes et d'obusiers autopropulsés. La tension est à son paroxysme Tout en rejetant l'ultimatum pour la cessation de la « guerre de propagande » à la frontière qui expire aujourd'hui, les chefs d'états-majors sud-coréens se déclarent décidés à relever le défi. La poudrière coréenne peut à tout moment exploser. Le scénario du pire s'appuie sur la décision de la Corée du Sud et des Etats-Unis d'élever le niveau d'alerte conjoint pour surveiller les mouvements des troupes nord-coréennes. Le Watchcon (Watch Condition), un dispositif d'alerte à 5 niveaux déterminant les niveaux de tension entre les deux pays de la péninsule, a été réactivé pour accroître les effectifs et les moyens de reconnaissance militaire. Parallèlement, des exercices conjoints américano-sud coréens, baptisés Ulchi Freedom Guardian (UFG) et impliquant 50.000 soldats sud-coréens et 30.000 soldats américains, ont été entamés, lundi dernier, et devaient durer jusqu'au 28 août. Perçues comme une « déclaration de guerre », les manœuvres ont suscité la réaction de Pyongyang menaçant les Etats-Unis d'une « très forte riposte militaire », notamment nucléaire, à l'heure où le monde a fêté le dénouement heureux de la crise iranienne. Une réunion d'urgence du Conseil de sécurité est également exigée pour examiner la situation. « Si le Conseil de sécurité ignore encore la juste requête de la République populaire démocratique de Corée d'évoquer l'exercice militaire conjoint américain, cela exposera de lui-même qu'il abandonne sa mission première de maintenir la paix et la sécurité dans le monde et qu'il devient un outil politique », a affirmé le représentant permanent nord-coréen auprès de l'ONU, Ja Song-nam, dans une lettre envoyée mercredi dernier au Conseil de sécurité, un jour avant que Pyongyang et Séoul n'échangent des tirs à leur frontière. Confronté à une escalade militaire de toutes les dérives, les Nations unies, qui « suivent de près les développements avec une sérieuse inquiétude », selon une porte-parole de l'ONU, Eri Kaneko, sont interpellées pour éviter une déflagration à grande échelle. Face à cette escalade dangereuse, l'ambassadeur chinois en Corée du Sud, Qiu Guohong, privilégie l'apaisement et le règlement du vieux conflit par le dialogue. « Nous nous opposons à une provocation unilatérale des deux côtés... et voudrions que le Sud et le Nord accomplissent, de manière autonome, une réunification pacifique à travers un dialogue et une coopération », a-t-il souligné. Son appel à la sagesse sera-t-il entendu ?