A Khazrouna, à l'entrée est de Blida, la passerelle est, décidément, boycottée par les piétons. Ici, jeunes, enfants, adultes et personnes âgées s'entêtent à traverser la route, s'exposer à un danger réel en se faufilant entre les voitures, plutôt que d'utiliser cette passerelle créée à l'effet de leur éviter d'être fauchés par les véhicules. Les bons réflexes en termes de sécurité routière sont, ainsi, foulés au pied par ces nombreux piétons, qui font, également, fi des contestations incessantes des automobilistes outrés par ces attitudes maladroites. « Nous avons l'habitude de traverser la route, sans être inquiétés. La passerelle est difficile à arpenter, étant haute et longue. Ici, à Khazrouna, la passerelle est, depuis longtemps, désertée par les piétons », avouent, à l'APS, plusieurs habitants de cette ville. Le danger de mort est unanimement ignoré par ces derniers, qui bravent cette menace au quotidien. La passerelle est, visiblement, un simple objet de « décoration », faisant partie intégrante du paysage de cette ville, qui enregistre souvent un trafic automobile dense et des embouteillages monstres, au vu de son statut de principal accès à Blida et son cachet d'espace de vente de faïence et de produits en marbre. Et comme pour compliquer davantage la situation, les bus en provenance d'Alger ou en partance de Blida marquent des arrêts juste au pied de la passerelle des deux côtés de la route. Les voyageurs à bord évitent l'escalier, devant leur nez, et envahissent, volontiers, la chaussée réservée aux véhicules, ce qui déclenche la flamme des nerfs chez les automobilistes, contraints de céder à la volonté de « ces grappes humaines hors-la-loi ». Collisions et disputes à longueur de journée Surpris par l'apparition soudaine de piétons, pressés de rejoindre l'autre bout de la route, des automobilistes font appel à un freinage d'urgence. Non-alerté, le véhicule suivant n'a souvent pas le temps de s'arrêter et entre, forcément, en collision avec son devancier. A Khazrouna, ce genre d'accidents sont une « constante » et plusieurs collisions sont enregistrées chaque jour que Dieu fait, en raison de l'inconscience des piétons qui « violent » les règles de bonne conduite. Quatre accidents du genre ont été enregistrés en l'espace de ces trois derniers jours, a constaté un journaliste de l'APS. « Ce que vous avez vu n'est que la face cachée de l'iceberg. Ce tronçon routier est un terrain propice pour les accidents et tant que les piétons n'adoptent pas de bonnes habitudes dans leur comportement, le pire est à craindre, surtout avec l'arrivée de l'hiver, où la chaussée, glissante, est à même d'accroître le risque ! », se méfie Ammar, la quarantaine, chauffeur de taxi, une des victimes du « diktat » des piétons. Au « spectacle » de la dispute entre deux automobilistes ayant eu un accident, vient s'ajouter, comble de l'ironie, l'intervention de certains piétons pour apaiser les esprits. « C'est dire que ces derniers n'aiment pas les accidents, mais font tout pour les provoquer ! », s'exclamaient des usagers de ce tronçon routier, témoins eux-aussi d'une collision entre un véhicule utilitaire et une ambulance. En bon état et répondant à toutes les normes de sécurité, la passerelle est boudée sans raison évidente. Elle est plutôt, en fin de journée, un havre de paix pour des groupes de jeunes qui s'y rassemblent pour siroter des boissons ou passer des moments paisibles, étant sûrs de ne risquer jamais d'être perturbés par le passage de piétons, sur leurs appareils téléphoniques. Faudrait-il verbaliser les piétons ? Les services de sécurité et de la Protection civile organisent, régulièrement, des campagnes de sensibilisation en direction des piétons, les incitant à adopter des comportements idoines et à même d'échapper à tout éventuel danger sur la route. Mais, à Khazrouna, l'écho de cet effort est, semble-t-il, passé à côté. « Il faudrait peut-être prendre des mesures sanctionnant les dépassements des piétons, en leur infligeant des sanctions afin de les amener à respecter les règles de bonne conduite ! », s'emporte un policier, qui tentait d'atténuer la colère de deux automobilistes, entrés en collision, et qui ont failli en arriver aux mains. « Ne faudrait-il pas mettre des policiers devant cette passerelle en permanence ? », s'interrogeaient d'autres automobilistes témoins de la scène. Et le policier de répondre : « Cela dépend des prérogatives de nos hauts responsables, mais cette éventualité est, a priori, impossible à prendre. Il faudrait plutôt imposer des sanctions pour mettre un terme à cette inconscience préjudiciable aussi bien aux automobilistes, qu'aux piétons eux-mêmes. » Pour certains responsables à la direction locale de la Protection civile, dont les éléments sont appelés à intervenir quasi-quotidiennement sur cette partie de la route, le renforcement des campagnes de sensibilisation demeure « la seule solution devant cet entêtement des piétons à tourner le dos à la bonne conduite ». Dans l'attente de la disparition de ce « fléau », les usagers de cet axe routier se doivent de faire preuve de patience et de sang-froid.