La Cinémathèque algérienne a abrité, mardi dernier au soir, l'avant-première du film « L'Odyssée du Dina » du réalisateur Abderrahmane Hayane. Produit par la Télévision algérienne, ce film-documentaire raconte l'histoire, très peu connue, de la première cargaison d'armes livrée à l'Armée de libération nationale, bien avant celles de l'Atos, le Brazzia et d'autres... « Cette première cargaison dans l'histoire de l'armement des combattants algériens et marocains a été rendue possible grâce à la reine de Jordanie, Dina, qui avait offert son yacht portant son nom pour l'acheminement de 21 tonnes d'armes », a affirmé le réalisateur. Gérée par le Comité de libération du Maghreb arabe, dont le siège se trouvait en Egypte, et dont les deux grands initiateurs étaient Ahmed Ben Bella et Abdelkrim El Khattabi, cette opération a duré 32 jours au lieu d'une semaine. « Le bateau est parti du port d'Alexandrie vers la ville marocaine de Nadhor où l'attendaient les combattants de l'ALN et de l'Armée de libération du Maroc », a expliqué le cinéaste. « Deux tiers du cargo ont été livrés à la zone 5 (6.000 combattants) alors dirigée à cette époque par Larbi Ben M'hidi. Le tiers restant a été remis aux résistants marocains installés dans la région du Rif », a-t-il ajouté.Abderrahmane Hayane a précisé que cette livraison n'a pas été sans risques. Prévue pour une semaine, il aurait fallu attendre trente-deux jours pour sa réussite. « Pour échapper à la vigilance de l'armée française, le bateau fut contraint de contourner plusieurs obstacles, en faisant par exemple, plusieurs escales en Italie, en Libye, sans parler des conditions climatiques qui n'étaient pas souvent évidentes », a-t-il poursuivi. Selon lui, « cette entreprise était un exemple parfait de coopération dans la lutte contre le colonialisme entre les deux résistances, algérienne et marocaine ». A l'affiche du réseau national de la cinémathèque Le film, d'une durée d'une heure, est basé sur des archives, des témoignages d'historiens, d'anciens combattants qui ont participé de près ou de loin à l'opération « Dina ». Citons notamment Hocine Guermouche, Rezki Basta, le cousin du grand résistant Ali Basta... Trois mois ont été suffisants pour la réalisation du film, avec des tournages en Algérie, au Maroc et en France. « L'Odyssée du Dina » a été diffusé par la Télévision algérienne, il y a deux mois, en deux versions. La première, française, est passée sur l'émission « Ciné thématique » de Canal Algérie. La version arabe a été programmée dans le cadre de l'émission « Chahed wa chawahed » sur A3.Par ailleurs, le directeur du Centre algérien de la cinématographie, Lyes Semiane, a annoncé la diffusion du film à travers toutes les cinémathèques du pays durant le mois de ramadan. Il a également indiqué qu'un programme de diffusion concernera les enfants scolarisés durant les vacances d'été, et ce, après un accord avec la ministre de l'Education. Pour ce qui est du film en question, il a affiché son total soutien à l'initiative du jeune réalisateur en lui ouvrant les portes du réseau national de la Cinémathèque.
