La victime est un jeune homme d'une trentaine d'années qui a été repêché au niveau de la crique délimitant au nord le parc archéologique Ouest de Tipasa, communément appelé les Ruines romaines. A titre informatif, le même endroit a été, le 16 juillet dernier, le théâtre d'un drame similaire. En effet, un jeune de 25 ans est tombé par-dessus bord d'un bateau de plaisance, non loin du rivage de la crique des Ruines romaines. Cet accident lui a été fatal, puisqu'une fois dans l'eau, la victime n'a pas pu échapper au courroux des vagues qui ont fini par l'emporter. « Avant même le début de la saison estivale et même actuellement, nous menons des campagnes de sensibilisation à l'adresse de la population locale et des vacanciers sur les dangers qu'ils encourent en se rendant dans des sites interdits à la baignade. En dépit de notre mobilisation, il est toujours des estivants qui préfèrent ces endroits non pourvus de dispositif de surveillance », se désole le lieutenant Michalikh, chargé de la communication à la direction de la Protection civile à Tipasa. Non loin de la plage Chenoua, les Galets, un bout de rivage rocheux, affectionné par les pêcheurs à la ligne, attire de plus en plus de baigneurs. Ici, l'eau paraît plus limpide. Des jeunes et moins jeunes se jettent des rochers en exécutant des chorégraphies en l'air, avant de percuter violemment la grande bleue. « Je connais tout de cet endroit jusqu'au plus petit rocher sous l'eau. En été, surtout en fin d'après-midi, je m'y rends quotidiennement. C'est le seul loisir et les uniques moments d'évasion qui me procurent tranquillité et satisfaction », confie Mouloud de Hadjout. Avant que son ami ne lui emboîte la parole : « La matinée, on travaille pour gagner quelques sous afin qu'on vienne ici pour se détendre. J'imagine mal un été sans cette ambiance. » En évoquant le risque de noyade encouru, le premier interlocuteur tente de dédramatiser : « Que ce soit au niveau des plages rocheuses ou celles surveillées par les maîtres-nageurs, le risque de noyade est quasiment identique. » Faux, lui rétorque un retraité de Tipasa qui semble s'intéresser à la discussion. « Dans ma jeunesse, j'étais persuadé que le meilleur ami de l'homme est la mer, tant qu'elle lui procure nourriture et plaisir. Mais un jour, ma certitude s'est fracassée contre l'amère réalité. Mon ami qui avait presque le même âge que moi a perdu la vie en essayant de se soutirer d'entre les vagues. Il était non seulement pourvu d'une condition physique exceptionnelle, mais il était aussi connu pour être le meilleur nageur de notre groupe. Tous ces atouts ne lui ont été d'aucun secours en ce jour funeste qui remonte à plus de 30 ans. » Et d'ajouter : « Il ne faut jamais se mesurer à la mer, car elle ne distingue pas ses victimes. » « A Tipasa, nous avons 43 plages autorisées à la baignade cette année. Toutes plus belles les unes que les autres et elles peuvent contenir tout le monde. J'invite donc les hôtes de la wilaya à s'y rendre et de ne pas risquer leur vie dans les zones rocheuses », explique le vieil homme. Depuis le début de l'été, plus de 2,4 millions de personnes se sont rendues aux plages autorisées à la baignade à Tipasa. « Nous avons recensé jusqu'à maintenant, 1.652 opérations de sauvetage. Parmi les personnes sauvées de la noyade, 950 présentaient des complications, dont 317 ont nécessité une évacuation en urgence vers les établissements de santé de la wilaya », confie le lieutenant Michalikh.