Le docteur Habi Karim, médecin-commandant chargé des missions spécifiques et spécialiste de la médecine hyperbare au niveau de la Direction générale de la Protection civile, affirme que seulela PC est dotée d'un centre hyperbare alors que les grands hôpitaux ne disposent pas de caissons. La médecine hyperbare demeure méconnue en Algérie. Quelles en sont les raisons ? C'est une spécialité très connue dans le monde, avec des centres hyperbares dans tous les hôpitaux. C'est une spécialité qui existe dans les pays développés et même dans les pays du Maghreb, malheureusement elle demeure absente dans nos hôpitaux et même dans le cursus de médecine. En Algérie, seule la Protection civile a investi dans cette spécialité. Pourquoi ? Parce que nous avons des plongeurs qui effectuent des missions très difficiles dans un milieu parfois hostile et complètement méconnu, et cela au péril de leur vie. Les accidents de la plongée sont pris en charge dans des caissons hyperbares par des spécialistes en médecine hyperbare. Justement, est-ce que la Protection civile dispose de médecins spécialisés dans ce domaine ? Oui, bien sûr. La Protection civile compte cinq médecins spécialisés en hyperbare, formés en France. Ils seront chargés de la gestion des deux centres à Oran et Annaba, fonctionnels d'ici à la fin de l'année en cours. Deux autres médecins spécialistes en hyperbare sont opérationnels également à Jijel et Tizi Ouzou. Nos hôpitaux, notamment les CHU, ne disposent pas de caissons. Est-ce que des patients civils sont pris en charge par le centre de la PC ? Cette spécialité n'est pas dédiée aux accidents de la plongée sous-marine mais pour traiter bien des pathologies, notamment la prise en charge médicale de certains malades lourds tels les paraplégiques, les intoxiqués au monoxyde de carbone, le pied diabétique, les victimes d'infections récurrentes, les brûlés et les amputés. Le médecin spécialiste en hyperbare traite également d'autres pathologies mais vu que les hôpitaux ne disposent pas de cette spécialité, le colonel El Habiri a décidé de prendre en charge ces malades. Le directeur général avait ordonné la construction de ce centre et son équipement. Il est normalement dédié aux plongeurs de la Protection civile, mais en l'absence de caissons dans les hôpitaux, il répondra aux sollicitations des plongeurs civils et d'autres institutions parce qu'il n'y a pas d'autre issue. Des plongeurs ont été gravement blessés lors de l'opération de recherche des victimes de la chute d'un véhicule dans le barrage de Taksebt, il y a quelque temps. Comment se portent-ils ? En effet, cinq plongeurs ont été victimes d'un accident dans cette opération de grande envergure à Tizi Ouzou. Nos plongeurs ont dû faire face à certaines contraintes liées notamment à la profondeur des eaux du barrage estimée à 70 m, à l'absence de visibilité et à la forte pression qui devient dangereuse pour les plongeurs à partir de 40 m de profondeur, en raison des eaux lourdes du barrage, la basse température de l'eau et de la présence de détritus au fond de l'ouvrage. Nous avons mis en alerte les caissons dès l'établissement du diagnostic et procédé à leur évacuation. Ils ont tous récupéré leurs capacités à 100%, d'où l'efficacité de la médecine hyperbare.