Des moudjahidine ont narré, hier, au forum d'El Moudjahid les premières opérations armées entreprises dans la nuit du 1er novembre 1954. Salah Goudjil, le compagnon de Mustapha Ben Boulaïd, a ouvert le débat pour dire les méfaits du colonialisme français dont celui de tenter « d'exterminer le peuple algérien ». La preuve, les statistiques arrêtaient la taille de la population algérienne, 40 ans après l'invasion, à 3 millions d'habitants. 10 années après, elle a baissé à 2,7 millions. « Comment expliquer que 50 années après, la population algérienne a diminué, si ce n'est le fait d'une volonté d'extermination ? » s'interroge Goudjil. Les noms de Souidani Boudjemaâ et Kritli Mokhtar ont été cités parmi les militants engagés dans les premières opérations qui ont été menées un peu partout sur le territoire national. La mission exécutée par Souidani était d'attaquer l'usine de papier de Baba Ali pour provoquer un incendie à l'aide de bombes incendiaires fabriquées de façon artisanale. « Nous avions battu la France car nous avions, à cette époque, un système de renseignement très efficace », raconte le moudjahid. Omar Samet, un enfant de la Mitidja, l'un des fabricants de la bombe artisanale avec laquelle avait été menée l'attaque de l'usine de Baba Ali, a tenu à préciser qu'au début du déclenchement de la Révolution, il entendait juste parler de Souidani Boudjemaâ, mais sans le connaître alors qu'il se réunissait presque chaque jour avec lui dans la commune de Halouiya, à quelques encablures de Boufarik. Hadj Benhamiti a aussi participé aux premières opérations militaires du 1er novembre dans les communes de Dahra et Sidi Ali, qui dépendaient administrativement de la ville de Mostaganem. Le moudjahid raconte les hésitations des messalistes et des centralistes, à cette époque, pour passer du militantisme politique à l'action armée. Sous les directives de Ramdane Benabdelmalek et Amar Bordji, il réalise la première attaque contre les gendarmes de la commune de Dahra, dans le but de récupérer des armes. « Au moment de l'attaque, un colon affolé a couru pour signaler au bureau de la gendarmerie l'incendie qui ravageait sa ferme. Nous avons tiré et la balle a atteint le colon. C'était la première personne tuée en cette nuit de novembre 1954. » Son compagnon, Abdelakader Kouini, un enfant d'Aïn Témouchent, explique qu'il a fallu qu'un conflit survienne au sein du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques pour que l'action armée soit déclenchée. « Il y a tant de héros de la Révolution que nous ne connaissons pas et qui ont sacrifié leur vie pour que l'Algérie soit libre et indépendante », regrette le moudjahid. Celui-ci avait participé dans l'incendie des fermes et le déraillement du train dans la région de Mostaganem en cette nuit du 1er novembre 1954.