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Histoires vraies
Pavillon de complaisance (2e partie)
Publié dans Info Soir le 09 - 02 - 2004

Résumé de la 1re partie Gun-Gun est Philippin. Il s?engage sur un cargo allemand dont les officiers sont racistes.
La tension monte pendant que le cargo passe en Norvège, puis au Canada, et met le cap sur le golfe du Mexique. L?ambiance se dégrade de plus en plus. Mais les quatre Allemands ne s?en émeuvent pas pour autant. Et comme, décidément, sous pavillon de complaisance, on peut faire tout ce qu?on veut, le commandant Eckardt permet au chef mécanicien Hesse de faire venir sa femme et son petit garçon sur le cargo en vacances, pour cinq semaines. Pourquoi pas ? La ranc?ur, la haine raciale manifestée par le Philippin Gun-Gun ? Bah ! ça lui passera ! Et s?il n?est pas content, qu?il débarque.
D?ailleurs, il semble se calmer, Gun-Gun, puisqu?il joue sur le pont avec le petit Thorsten, le fils de son ennemi. C?est un beau petit garçon blond, il n?arrête pas d?embêter Gun-Gun. ça lui plaît, ce surnom, et l?Indonésien lui plaît avec sa barbe et ses yeux bridés.
La jeune Mme Hesse rappelle son bambin à l?ordre : «Thorsten ! Voyons, as-tu fini, tu embêtes M. Supardi.
? Maman, laisse-moi jouer encore avec lui? D?abord c?est Gun-Gun qu?il s?appelle. Hein que tu t?appelles Gun-Gun ?»
Au bout de cinq semaines de ces vacances pas comme les autres dans le golfe du Mexique, tout de même, Mme Hesse dit à son mari :
«Je débarque à Miami avec le petit. On ne peut pas continuer avec vous plus loin?
? Mais si, insiste le «chef mécanicien»? Reste avec le petit ! ça ne gêne pas ! Tu vois bien ! Sur un cargo panaméen c?est plus libre.»
Mais Mme Hesse pense que c?est assez pour elle et le petit garçon. Elle débarque à Miami, le 7 octobre. Heureusement?
Deux jours plus tard, le 9 octobre 1975, le «Mimi», avant de repartir, finit de décharger des containers dans le port de Miami. Or, fatalité ou fait exprès, Bernd Hesse, le chef mécanicien, celui qui a pris pour adjoint l?autre Allemand sans brevet, en maniant un filin d?acier, l?envoie frapper la figure de Gun-Gun. Celui-ci a très mal. L?arcade sourcilière est coupée, il saigne beaucoup. Hesse immédiatement s?excuse : «Je n?ai pas fait exprès !»
Mais Gun-Gun n?y croit pas. On lui recoud sa blessure. ça ne le calme pas du tout. Le soir même, le cargo appareille avec un Gun-Gun devenu ouvertement haineux. Le capitaine Eckardt fait à ce moment une grosse erreur. Il devrait débarquer le Philippin pour prévenir une bagarre en mer. Mais après tout, le Philippin n?a, jusqu?à présent, rien fait que de menacer? Comment se douter qu?en embarquant ce petit maigre au nez épaté, à la barbe et aux cheveux longs, le cargo fait son dernier voyage ?
Cela commence dès le début de la soirée. Gun-Gun refuse de prendre son quart de vingt heures à vingt-quatre heures. Le capitaine Eckardt pense qu?il vaut mieux être diplomate et ne pas sévir.
«Va te coucher, Gun-Gun?»
Gun-Gun, effectivement, va se coucher. Mais le lendemain, même attitude : il refuse de prendre son quart.
«Je ne travaille pas pour les Allemands racistes ! Et d?abord, je suis officier mécanicien, pas matelot ! Je ne prendrai pas le quart sur le pont !
? Bon, dit le commandant Eckardt, voulant décidément l?apaiser. Va te coucher Gun-Gun.
? Le chef mécanicien Hesse est un salaud ! Il n?a pas voulu me nommer mécanicien et en plus il me frappe avec un câble ! Les Allemands, vous êtes tous des salauds !» (à suivre...)


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