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Histoires vraies
Pavillon de complaisance (3e partie)
Publié dans Info Soir le 10 - 02 - 2004

Résumé de la 2e partie La tension monte sur le cargo. Gun-Gun est frappé à la figure.
«Mais non, il n?a pas fait exprès ! Allez, Gun-Gun, va te coucher. On n?est pas des salauds? Calme-toi un peu ! Allez, va dans ta cabine te reposer ! Demain il fera jour.»
Gun-Gun ne va pas se coucher. Il entre dans la cantine. Il y boit un verre de vin. Par malheur, le chef mécanicien, lui aussi, a soif. Il entre à son tour dans la cantine. A partir de là, on ne peut plus se fier aux déclarations de Gun-Gun : «Alors, Gun-Gun, dit l?Allemand, c?est fini ce cirque ? Si tu n?es pas content de ton engagement, tu débarqueras au retour en Allemagne ! Tu as signé comme matelot, oui ou non ?
? Herche n?a pas de brevet, moi, j?en ai ! Vous ne m?avez pas pris parce que je suis Philippin. Tandis que lui, il est Allemand.
? Il n?a pas de brevet, peut-être, mais il s?y connaît au moins aussi bien que toi ! Alors, je l?ai nommé officier mécano, et ça me regarde ! Et maintenant, fiche-nous la paix ! Va te coucher, si tu ne veux pas travailler.»
Mais soudain, fou furieux, Gun-Gun saisit sur la table un ciseau à bois au bout carré, aiguisé, et, avant que l?Allemand n?ait pu réagir, il le lui plante dans le ventre. Hesse s?écroule et se met à hurler ! Et qui entre dans la cantine, venant à son secours ? Herche, l?usurpateur sans brevet ! La bête noire de Gun-Gun parce qu?il a été nommé à sa place. Il voit le chef mécanicien effondré, du sang coulant de son ventre. Et il voit Gun-Gun tenant encore son ciseau à bois ensanglanté, les yeux exorbités ! L?Allemand comprend que le Philippin va lui sauter dessus. Il saisit ce qui lui tombe sous la main, une cruche en métal, et fonce sur Gun-Gun, essayant de lui assener un coup sur le bras. Il y réussit d?ailleurs, mais pas assez fort.
Et alors commence une véritable boucherie.
Gun-Gun, fou de rage, commence par enfoncer son ciseau à bois dans l?estomac de Herche. Mais ce geste ne suffit pas à le libérer de sa haine. Pendant que l?Allemand se courbe en se tenant le ventre, il lui assène un coup vertical du ciseau à bois dans la nuque. L?Allemand s?écroule, face contre terre. Absolument déchaîné, Gun-Gun le retourne et continue à le défigurer, déjà mort ou ne valant guère mieux, à coups de ciseau à bois !
En fait, on ne saura jamais combien Gun-Gun a porté de coups. Puisqu?on ne pourra jamais examiner le corps de Herche.
Pour l?instant, les deux mécaniciens, apparemment morts, personne ne s?est encore rendu compte de rien. Les autres matelots indonésiens dorment, ainsi que le cuisinier philippin, et aussi le second, l?Allemand Manfred Schmidt. Seul le capitaine Eckardt veille au poste de navigation.
Gun-Gun jette son ciseau à bois et se précipite dans sa cabine. Il y empoigne son couteau indonésien, un vrai poignard cette fois, entre dans la cabine où dort l?officier en second. Celui-ci a le temps de se réveiller et de dire : «Was ??» Gun-Gun lui ouvre la gorge avec son poignard, juste sous le menton, d?un grand geste faucheur qu?il mimera plus tard. Le sang jaillit de l?artère de l?officier et l?inonde. L?Indonésien ressort, tenant toujours son poignard, et fonce vers le poste de pilotage. En moins de deux minutes, il vient de tuer trois des quatre Allemands, avant qu?ils aient eu le temps de réagir ! Du moins le croit-il? Car, pendant qu?il cherchait son couteau pour tuer le second, le chef mécanicien Hesse, blessé au ventre, s?est traîné jusqu?au poste de navigation et a pu prévenir le commandant. Mais celui-ci commet une faute : au lieu de chercher une arme pour se défendre ou s?enfermer, il se précipite vers la radio et envoie le message suivant, en phonie, d?une voix précipitée : «Cargo panaméen «Mimi» à garde-côtes et tous navires à l?écoute : mutinerie à bord. Matelot indonésien muni d?un couteau assaille deux officiers. Je répète cargo «Mimi» battant pavillon?» (à suivre...)


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