Réactions n Les algériens n'y croient pas trop. Les plus optimistes d'entre eux se contentent de dire : «Incha' Allah.» Dans la rue, cette perspective se taille une part quasi insignifiante de discussion. «On n'est pas encore arrivé à fabriquer un vélo, alors comment pourrait-on prétendre construire une voiture qui nécessite une technologie de pointe ?», s'interroge Rachid, la trentaine, vulcanisateur. Hakim, son camarade, se veut plus réaliste. «Tous les Algériens rêvent de leur propre voiture, mais j'estime qu'il est impossible de la fabriquer dans ces circonstances caractérisées par la crise que vit l'industrie automobile à travers le monde. Et puis, que l'on cesse de nous agacer avec ce slogan de 100% algérienne», dit-il. Ce pourcentage «exagéré» irrite la plupart de nos interlocuteurs. «On nous prend pour des idiots. 100% algérienne veut dire que toutes les composantes de cette prétendue voiture doivent être fabriquées en Algérie et par un savoir-faire local. Le plus crédule des algériens n'y croit pas. Arrêtons cette démagogie inutile et passons aux choses sérieuses», s'indigne Omar, enseignant universitaire. Les forums de discussion sur internet sont inondés de commentaires sur ce sujet brûlant, même si les préoccupations majeures des citoyens sont actuellement plutôt d'ordre socio-économique. Réactions et commentaires fusent de partout. «Ce à quoi il faut s'intéresser, c'est le nombre d'emplois que peut offrir cette usine de montage», lance un jeune diplômé en génie mécanique en quête d'un emploi dans sa spécialité. Sa réaction se limite à émettre un souhait. Logique et légitime. Cependant, la plupart des intervenants ne croient pas à la faisabilité de la chose. «Oui, peut-être que c'est vrai qu'en 2010 elle sera prête. Mais je crois que ce sera une voiture du genre classique qui consommera 25 litres de carburant au 100 km, au moment où le monde se tourne vers la voiture hybride et électrique. Je doute fort qu'elle ait beaucoup de succès !», écrit un autre internaute, qui affirme être «Algérien à 100%». La risée commence. «... Et elle va carburer à quoi ? Au kebab-frites-sauce blanche ? hihi...», ironise une jeune femme. «L'algérien est trop occupé à faire ses papiers pour fuir son pays !», lance un jeune chômeur qui émet le vœu de «ne jamais rouler à bord d'une voiture purement algérienne». Certains internautes sont plus aigres. «Le mulet n'a pas besoin de montage. Il naît comme ça. Il suffit juste de monter dessus, et de mettre la Fatma à pied, devant», écrit un Algérien qui «est né en Algérie et qui y vit toujours». Comme dit la chanson ; «Incha'Allah, qui vivra verra», conclut un internaute, peu optimiste…