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Adel, harrag un jour, harrag toujours
Témoignage d'un candidat à l'émigration
Publié dans Liberté le 21 - 10 - 2008

“Cette fois-ci, ce sera l'Italie incha Allah”. À peine sorti de prison, où il a purgé une peine d'une année et demie pour vol de téléphone portable, Adel n'a qu'une idée en tête : retenter la “harga”.
Du haut de ses 23 ans, Adel — appelons-le ainsi — tient un bout de table devant le marché Clauzel. Il est midi, il compte déjà ses sous avant de soupirer : “Ça va, malgré la chaleur, les clients ne manquent pas ce vendredi.” Ce matin, Adel a vendu des “diouls” et des “ktayef”. L'après-midi, il ira s'installer près de Meissonnier pour vendre du “kalbellouze”. Le soir, il vendra encore du “kalbellouze”, des brochettes de viande, des boissons gazeuses et des cigarettes. Tout un programme ! Et lorsqu'on lui demande s'il n'est pas fatigué, il rétorque avec philosophie : “Je viens de passer un an et demie de repos en prison, et puis, ce boulot est provisoire. Juste le temps de ramasser de quoi payer la ‘harga'. Cette fois-ci, ce sera l'Italie incha Allah.” À peine sorti de prison, où il a purgé une peine d'une année et demie pour vol de téléphone portable, Adel n'a qu'une idée en tête : re-tenter la “harga”. Il avait atteint les côtes espagnoles en mai 2006 avant d'être refoulé. Avec une bande d'amis du quartier, il vend tout ce qui rapporte. Adel et ses amis ont déjà payé des avances à leurs passeurs. Mais là, discrétion totale, c'est le mot d'ordre chez les harragas. Adel nous raconte comment son ami d'enfance, qui avait embarqué avec lui pour l'Espagne, avait caché à tout le monde que sa mère avait une résidence en France, et que c'est elle qui allait venir le réclamer au centre de la Croix-Rouge espagnole. “Moi, j'étais naïf. On m'a dit de dire que j'étais Palestinien. J'ai essayé, mais je ne connaissais ni le drapeau ni l'hymne national palestiniens. Alors, les Espagnols m'ont renvoyé vers Oran.”
Adel a des regrets : “Mon frère habite en Angleterre. Lui aussi est parti en ‘harrag'. Il n'a pas bougé le petit doigt pour venir me chercher du centre d'Algesiras.” Le film de l'horreur lui revient, sa gorge se noue, ses yeux se remplissent de larmes : “Que veux-tu que je te dise, mon frère ? J'ai vécu l'enfer en faisant la traversée vers l'Espagne. Déjà à Oran, les passeurs voulaient nous rouler en prenant l'argent et disparaître ; ensuite à Béni-Saf où nous avons dû galérer dans un garage pendant trois jours, et ensuite au moment de l'embarcation où l'on voulait nous mettre à vingt sur une embarcation qui ne pouvait prendre plus de dix. D'ailleurs, les pauvres qui ont accepté de s'y embarquer ont tous péri, la nuit même de leur départ. J'ai vécu l'enfer en mer. Et en arrivant à Algesiras, je pensais que tous mes problèmes étaient derrière moi et que les portes du paradis s'ouvraient à moi. J'y suis resté un mois. J'étais bien traité. Le paradis était, en fait, derrière les barbelés qui m'entouraient de partout. J'aurais dû tenter de les griller, mais j'étais naïf. Cette fois-ci, en Italie, plus rien ne m'arrêtera.”
Pour atteindre l'Espagne, Adel et ses sept copains avaient déboursé, chacun, dix millions de centimes. “J'ai dû vendre des cigarettes à la sauvette sur la rue Didouche, pendant plus de trois mois, pour me procurer cette somme, avec les flics constamment derrière le dos”, raconte-t-il. Pour sa prochaine aventure, Adel s'est associé avec une bande de copains habitant plusieurs quartiers d'Alger. Certains ont tenté comme lui la “harga”, alors que d'autres l'ont rencontré en prison. Leur plan est échafaudé et la date de leur départ arrêtée. “Comme ils nous surveillent, nous les surveillons.” Pour Adel, il n'est pas question de rester en Algérie. “Plutôt mourir en mer que pourrir sur terre.”
C'est la devise des harragas. Nous insistons pour connaître les raisons qui le poussent à ce point à tenter l'aventure, au péril de sa vie : “Qu'est-ce que je gagne en restant ici ? Je ne vis pas. Je suis un cadavre ambulant. Tout est pris par les enfants de la “kiada” (nomenklatura). Le reste, le régionalisme fait des ravages. Chaque responsable ramène les enfants de son patelin et les place pour faire marcher ses affaires. À nous les Algérois les murs et les miettes.” Adel commence, alors, à énumérer le nombre de copains qui ont réussi la “harga” et qui mènent une vie meilleure ailleurs. “Même un chauffeur de taxi à Londres peut se permettre de construire une villa pour sa famille au bled”, s'écrie-t-il. “Ici, si l'on est pas un grand voleur, on ne pourra pas louer un studio ni s'offrir une moto.”
A. B.


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