Résumé de la 6e partie n En 1965, un brigadier est atteint de trois balles et reste invalide à vie. Lutring avait sur lui, au moment de son arrestation, l'arme qui avait tiré les coups de feu. La principale accusation porte sur une attaque de bijouterie à Moulins, lors de l'année 1965. Un brigadier de police avait été atteint de trois balles, dont l'une dans la colonne vertébrale, qui l'avait laissé invalide à vie. Lutring a toujours nié avoir été sur les lieux, mais il avait sur lui, au moment de son arrestation, l'arme qui avait tiré les coups de feu. Il a déclaré qu'elle lui avait été vendue par un mauvais garçon, Armando Guccicardo, qui lui avait affirmé qu'elle n'avait jamais servi. Au cours de l'instruction, le brigadier a reconnu Lutring, mais son avocat, maître Hug, sème le doute dans l'esprit des jurés. — La scène s'est déroulée dans un endroit sombre et la victime a décrit d'abord son agresseur comme un homme brun, or l'accusé est roux. Cela n'empêche pas l'avocat général de demander la perpétuité, le maximum étant donné qu'il n'y a pas eu mort d'homme. Mais après la plaidoirie de maître Hug, les jurés reviennent avec un verdict de vingt ans de réclusion. L'Italie le réclamant toujours pour le juger, il n'est pas question que Luciano Lutring purge la totalité de sa peine et il est extradé peu de temps après, en 1973, pour le dernier acte judiciaire, qui va avoir lieu dans son pays. Cette fois, il est condamné à quinze ans et interné à la prison de Brescia. On croit alors que le «soliste à la mitraillette» a définitivement cessé de faire parler de lui, mais il va revenir sur le devant de la scène d'une manière tout à fait extraordinaire... Dans sa cellule, Luciano Lutring ne reste pas inactif, mais il n'écrit plus, il peint. Ses toiles sont même si remarquables qu'une grande galerie de Milan organise une exposition qui a un réel succès. La presse est enthousiaste. Un critique d'art écrit : «Après tant d'aventures désastreuses, le peintre a retrouvé dans ses toiles l'innocence originelle. Une fois de plus, l'art a accompli un miracle !» Il n'est pas admissible de laisser un tel talent en prison. Une pétition circule et le président de la République Giovanni Leone lui accorde sa grâce, le 26 mars 1978. Luciano Lutring est enfin libre, définitivement libre de finir ses jours avec Yvonne. Et il a encore l'avenir devant lui puisqu'il n'a que quarante ans. Il tient tout de même à faire une mise au point publique. Les toiles ne sont pas de lui. Il les a achetées à des codétenus, qui les ont peintes pour occuper leur réclusion. Il pensait qu'avec la célébrité qui était la sienne, il les vendrait mieux qu'eux et il souhaite maintenant que la paternité de leur œuvre leur soit rendue. Après ce dernier coup d'éclat médiatique, le «soliste à la mitraillette» n'a plus fait parler de lui. Il a gardé l'étui à violon, vide bien sûr, qui trône dans son salon, et il le montre aux journalistes qui viennent encore l'interviewer. Alors, après la littérature et la peinture par personnes interposéesw peut-être un jour Luciano Lutring se mettra-t-il à la musique.