Expérience n Il est aussi encadreur. Il a animé un atelier consacré à la mise en scène pour les jeunes, notamment des étudiants en art dramatique. Cette initiative était inscrite dans le cadre de la deuxième édition du Festival international de théâtre d'Alger, qui s'est tenue du 14 au 25 octobre. «Cet atelier consistait à questionner le jeu de l'acteur, c'est-à-dire le processus de création de celui-ci et les propositions du metteur en scène et ce, afin de trouver un lieu d'entente entre le jeu de l'un et la vision de l'autre. On a travaillé sur le texte, sur le sous-texte, sur la façon dont on peut évoluer dans l'espace et concevoir son personnage, en lui trouvant plusieurs couleurs», a dit l'homme de théâtre marocain, Chakib Hicham. Interrogé sur l'apport de la mise en scène à la pièce, Chakib Hicham a répondu : «La mise en scène peut, en effet, apporter beaucoup. D'abord, c'est une lecture du texte (certains disent que c'est une deuxième lecture). Différente de celle du texte originel, elle peut l'enrichir, lui apporter une vision, une dimension et une cohésion globale. Ensuite, la mise en scène peut dynamiser, stimuler le jeu, elle peut apporter une complexité entre la scène, le comédien et le public.» A la question de savoir si le comédien contribue à la construction de la mise en scène, Chakib Hicham a souligné : «Ce qu'il faut savoir, c'est que le metteur en scène a toujours raison : parce qu'il ne peut pas y avoir deux capitaines sur un même navire. C'est bien que le comédien propose, mais c'est le metteur en scène qui dispose. C'est, donc, vraiment un jeu de va-et-vient entre le comédien et le metteur en scène. Il faut proposer, mais à un certain moment le rôle du metteur en scène est d'orienter le jeu, de créer le déclic qui permet à l'acteur de trouver la bonne émotion, la bonne couleur du personnage et par lequel il peut construire, faire évoluer son jeu.» S'exprimant par la suite sur les différents ingrédients nécessaires à la mise en situation d'un texte, Chakib Hicham dira : «Il faut des comédiens, un texte cohérent, une vision ; le metteur en scène a un travail à accomplir, un long périple à faire tout seul, avec un découpage et une compréhension du texte, et puis parfois, le texte devient un prétexte, l'essentiel est ailleurs. Il est dans ce jeu permanent entre l'acteur et le public, entre l'acteur et le metteur en scène.» S'exprimant sur le théâtre algérien, Chakib Hicham dira : «J'avoue que je n'en connais pas tout, mais j'ai effectivement connaissance de ce qui se fait en la matière et ce, à travers le travail mené par le tna ou encore le Théâtre régional de Sidi Bel Abbes. Je pense que le théâtre algérien est en mouvement ; c'est un théâtre riche qui a donné de grands noms, des noms qui ont formé des générations entières. Ils ont ouvert la voie, cette même voie est ouverte pour expérimenter d'autres formes de théâtre, d'autres façons de faire et d'autres comportements.» Interrogé ensuite sur la composante patrimoine utilisée notamment dans le théâtre arabe ou africain, Chakib Hicham répondra : «Le patrimoine apporte énormément à la pratique théâtrale. Les seuls instruments du comédien sont son corps et ses émotions. Encore faut-il bien les connaître et les maîtriser, et ce patrimoine fait partie de notre être. C'est notre réel, notre vécu dans la société. Nous sommes porteurs de ce patrimoine riche et universel et nous devons en être fiers.» On a pu relever, dans le travail théâtral notamment mené par des metteurs en scène algériens, l'absence de chorégraphie aussi bien dans le jeu scénique que celui des comédiens. Devant un tel constat, Chakib Hicham dira : «Il est vrai qu'en tant qu'entité, il y a absence d'élément chorégraphique, mais la présence, voire le corps du comédien peuvent se mettre aussi en chorégraphie. Dans le jeu du comédien comme dans la vision du metteur en scène, il peut y avoir cette espèce de chorégraphie qui peut amener à un certain moment cette cohésion entre le public et les comédiens.» Toutefois, ce dernier reconnaît que la chorégraphie en tant que composition du jeu scénique fait défaut à la pratique théâtrale. Il recommande que les concernés, c'est-à-dire les metteurs en scène, se penchent sur la question en vue d'y apporter des réponses. «Cela est lié au problème de la formation», a-t-il dit. Et de poursuivre : «La formation est essentielle dans le prolongement de l'exercice théâtral. Il ne peut y avoir de relais, d'avenir s'il n'y a pas de formation. Il faut, donc, former des comédiens et des metteurs en scène. Il faut aussi que cela s'accompagne d'une éducation du public : il y a une école de spectateurs qu'il faut mettre en branle, en mouvement.»