Résumé de la 112e partie n Aïcha a deviné que sa mère a égorgé son petit frère et l'a mis à cuire pour remplacer la viande – destinée aux travailleurs bénévoles –, qu'elle a mangée. La mère met la viande dans la marmite et, comme elle est fraîche et tendre, elle ne tarde pas à cuire... Peu après le père arrive et appelle sa femme. — Le repas est-il prêt ? — Oui, dit-elle. —Tu as préparé le plat ? — Viens la voir. Elle lui présente le plat de couscous, garni de morceaux de viande. Le paysan sourit et félicite sa femme. — C'est du bon travail, cela a l'air appétissant ! — Oui, dit l'épouse, régale tes ouvriers... — Ils ont travaillé toute la matinée, ils sont fatigués et ont faim. — Qu'ils mangent de bon appétit ! Ils vanteront pendant longtemps le couscous et la viande qu'ils auront mangés ! Comme les morceaux de viande sont trop gros, il les coupe, puis il emporte le plat recouvert d'un drap. Sa femme s'exclame : — J'espère qu'ils nous laisseront un bout de viande ! Aïcha, elle, la mort dans l'âme, pense à son petit frère. — Pourquoi Ali ne rentre-t-il pas, finit-elle par demander à sa mère. — Il doit être en train de jouer avec les enfants de son âge. — Je vais aller le chercher ! dit Aïcha. — Laisse-le encore jouer ! Aïcha regarde sa mère dans les yeux. —Tout à l'heure, quand je l'ai vu, il avait faim, il est temps de lui donner à manger ! La mère détourne le regard. — Oui, c'est ça, va le ramener… si tu le trouves ! Elle la prend par le bras. —N'oublie pas ce que je t'ai dit, tout à l'heure, dans la cour ! Aïcha sort. Mais si elle sort de la maison, c'est pour pleurer son malheureux frère parce qu'elle sait que sa mère l'a égorgé et qu'elle l'a mis à cuire dans la marmite. Et elle ne peut pas en parler parce que sa mère, qui a tué son frère, n'hésiterait pas à la tuer à son tour pour la réduire au silence. «Ali, mon petit frère…» Elle pleure toutes les larmes de son corps. Des passants la remarquent. — Pourquoi pleures-tu ? — Je pleure sur le sort qui s'acharne sur moi ! On se moque d'elle. — Comment le sort peut-il s'acharner sur vous, alors que ton père va engranger une belle récolte ? Et on la laisse pleurer… (à suivre...)