Visites n Les filles ne sont pas malheureuses : au contraire, elles se sentent bien depuis qu'elles ne vivent plus avec leurs parents. Il y a de cela, longtemps, vivaient, à l'orée d'une forêt un couple bizarre. L'homme s'appelle Bezit et la femme Bezita. Ils n'étaient pas seulement laids comme des poux, mais il étaient surtout idiots. La femme, surtout était non seulement idiote, mais aussi inconséquente. Il suffit de lui dire qu'une chose est mauvaise pour qu'elle la trouve bonne ou qu'une chose est bonne pour qu'elle la trouve mauvaise. Elle le fait par esprit de contradiction mais aussi parce qu'elle croit tout savoir. Son mari est aussi idiot qu'elle et comme il pense avoir épousé une lumière, il donne toujours raison à sa femme. Quand il reçoit des gens ou va en visite, il ne cesse de répéter : «Ma femme sait tout, elle a toujours raison !» Le couple a quatre enfants, trois filles, toutes mariées, et un garçon, encore en bas âge. Aussi étrange que cela puisse paraître, les enfants ne ressemblent pas à leurs parents. Les filles s'en sortent bien dans leur foyer et il faut dire qu'elles ne sont pas malheureuses : au contraire, elles se sentent bien depuis qu'elles ne vivent plus avec leurs parents. Un jour, Bezita dit à son époux : — Voilà longtemps que nous n'avons vu nos filles. — Depuis qu'elles sont mariées, elles ne viennent plus nous voir ! — Et pourtant nous nous sommes sacrifiés pour elles, nous les avons mariées, elles sont heureuses dans leur foyer ! L'homme soupire. — C'est de l'ingratitude ! Mais Bezita change aussitôt d'avis. — Peut-être qu'elles sont malades… ou qu'on les empêche de venir nous voir! — Tu crois qu'on ne les laisse pas nous rendre visite ? — C'est possible ! —Leur époux ? Leurs belles-mères ? — Peut-être… — Alors, si c'est comme ça, nous devrions leur rendre visite ! Elle répondit : — J'allais te le proposer ! — Alors, il faut y aller ! — Maintenant ? — Oui… Si tu veux nous partirons aujourd'hui même ! — Je n'ai rien à leur donner. Je pourrais faire des beignets et des crêpes, mais cela va prendre du temps ! — Ce n'est pas important : elles seront si heureuses de nous voir qu'elles en oublieront les cadeaux ! — Et puis, si elles veulent des beignets et des crêpes, je les ferai sur place ! — Alors, allons-y ! — Je prends le petit et nous partons ! Et ils prennent la route. (A suivre...)