Récitals n Un autre voyage a été offert, mardi, au public tlemçani, à travers des mélodies authentiquement andalouses. L'ensemble régional de Constantine, connu et reconnu sur la scène artistique constantinoise, et placé sous la direction de Samir Boukredera, a largement gratifié l'assistance d'une foison de sonorités dans le style malouf, propre d'ailleurs à la région de Constantine. Tout au long du récital, l'ensemble s'est distingué dans un jeu qui a favorisé le voyage dans l'univers, aussi bien sensible que féerique, de la musique andalouse, créant un équilibre dans le jeu tant rythmiquement que mélodiquement. Cela témoigne immanquablement de la capacité - et du souci - de l'ensemble d'interpréter le répertoire andalou dans la pure tradition. Cela témoigne aussi, toujours à travers le jeu, de cette aptitude à conserver les bases solides de cet héritage ancestral, un patrimoine commun à tous, et dont la sauvegarde et la pérennité deviennent une nécessité. Un devoir même. Le jeu, tout en beauté, s'est révélé harmonieux, affiné, tant l'orchestration, qui paraissait équilibrée, commode et apparente, était fluide et flexible. L'assistance, nombreuse, apparemment initiée à la culture andalouse, prêtait une oreille attentive et savante à chaque mouvement, à chaque accent, à chaque son… Tout se faisait de la part de l'ensemble avec pertinence, et ce, de façon à provoquer en chacun un grand bonheur. C'était en effet un moment de bonheur, un pur moment de joie et d'allégresse. Le jeu musical de l'ensemble a été rehaussé, comme c'est le cas dans les prestations de ce genre, par le chant, authentique et attachant, permettant l'immersion dans une jubilation mystique. Cette même jubilation est ressentie dans l'ensemble Chabab el Andalous du Maroc, qui, en deuxième partie de la soirée, a partagé avec l'assistance la passion du patrimoine musical andalousien. C'est ainsi que le public tlemcénien a pu découvrir et apprécier aussi bien la pertinence que la spécificité de la musique andalouse, notamment interprétée par l'école marocaine. Le jeu de l'ensemble marocain, dans lequel le public s'est ressourcé, s'est avéré juste, talentueux, voire privilégié. Tout était étudié jusqu'au moindre geste, au moindre détail et à la moindre touche. Le jeu s'est toujours avéré profond, cohérent, perceptible… Quant au chant, qui, d'une ornementation de bon aloi, a conféré à l'interprétation musicale une complémentarité esthétique, il s'est distingué à travers une voix tantôt forte, tantôt souple. C'était une voix intuitive, par laquelle la magie de l'andalou s'est opérée avec autant de caractère que de conviction, et qui n'a pas cessé, l'instant du récital, de surprendre, de plaire. Rappelons que la soirée de mardi entre dans le cadre de la 6e édition du Festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes, organisée à l'occasion de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011». Y. I.