Violences n Dix-neuf civils ont été tués dans les foyers de la contestation contre le régime syrien, à Deraa et à Homs, où l'armée a renforcé son emprise. Selon le chef de l'organisation nationale des droits de l'homme, Ammar Qourabi, 13 civils, dont un enfant de 8 ans et un infirmier venu secourir les blessés, ont été tués par des tirs de francs-tireurs à Al-Harra, un village de la région de Deraa. Un 14e a péri dans la localité voisine de Jassem et 5 sont morts suite à des tirs d'obus de chars sur le secteur de Bab Amr à Homs. «Des corps jonchent le sol à Bab Amr et personne n'ose les évacuer à cause des agents de sécurité et des tireurs embusqués», a dit un autre militant. Les autorités, qui accusent depuis le début de la révolte des «groupes armés», instrumentalisés par l'étranger, de vouloir semer le chaos en Syrie, ont annoncé la mort de deux soldats et de «plusieurs membres de groupes terroristes» à Homs et Deraa. Des chars de l'armée avaient renforcé ces derniers jours leur emprise à Homs et Banias au nord-ouest, où les militaires sont entrés respectivement les 6 et 7 mai dernier. L'armée a, en outre, mené «des opérations de ratissage, à la recherche d'armes» dans des quartiers de la périphérie de Homs, a déclaré Najati Tayara, un militant des droits de l'homme, ajoutant : «Les habitants sont terrifiés.» Selon l'agence officielle Sana, «des dizaines de personnes recherchées ont été arrêtées et une grande quantité d'armes et de munitions saisies à Bab Amr et à Deraa. Un certain nombre de terroristes ont été tués et blessés». Dans Banias assiégée, l'armée continue de «rechercher des chefs de file des manifestations», a dit Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Environ 270 des 450 personnes arrêtées ont été relâchées après avoir été «violemment frappées et insultées», selon lui. A Mouadamiya, dans la banlieue proche de Damas, les forces de sécurité étaient toujours déployées en force, selon un militant, tandis que le quotidien Al-Watan, proche du pouvoir, annonçait l'arrestation d'un «grand nombre de personnes recherchées». Et à Alep, deuxième ville du pays, un peu plus au nord et jusqu'à présent relativement épargnée par la contestation, des milliers d'étudiants ont défilé dans la cité universitaire pour défendre les liberté et les villes de Deraa et Homs, avant d'être dispersés à coups de bâton par des étudiants pro-régime et les services de sécurité, selon un militant. Depuis le début de la contestation, le 15 mars, dernier, entre 600 et 700 civils ont été tués et plus de 8 000 personnes ont été arrêtées ou ont disparu, selon les ONG. Parallèlement, dans une nouvelle tentative d'apaisement, le pouvoir à Damas a chargé une commission de rédiger une nouvelle loi électorale «conforme aux critères internationaux», une exigence des opposants. Mais le 21 avril, il avait abrogé l'état d'urgence en vigueur depuis 40 ans sans cesser la répression. «Nous nous battrons jusqu'au bout, nous ne partirons pas», a déclaré dans une rare interview, publiée par le New York Times, un cousin du président Bachar al-Assad, le magnat, Rami Makhlouf, qui figure parmi les 13 responsables syriens frappés, mardi dernier, par des sanctions de l'Union européenne.