Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a estimé hier que quelque 1 200 personnes fuyant la Libye pourraient avoir péri en Méditerranée et fait état de témoignages du refus de navires militaires de secourir un bateau de migrants à la dérive. «Environ 12 000 personnes sont arrivées en Italie ou à Malte et nous craignons qu'au moins 1 200 autres soient mortes ou disparues en mer», a indiqué une porte-parole du HCR. Un survivant a raconté que des navires militaires non identifiés croisant au large de la côte libyenne avaient refusé de secourir un bateau transportant 72 personnes, dont la plupart sont mortes de soif, de faim ou d'épuisement fin mars ou début avril. La porte-parole a indiqué que le récit d'un survivant recueilli dans le camp de réfugiés de Shousha en Tunisie lors d'un long entretien jeudi était «dramatique et crédible». Deux autres Ethiopiens dans ce camp ont indiqué faire partie des neuf survivants de ce bateau ayant quitté Tripoli le 25 mars avec 72 personnes à bord ayant payé chacune 800 dollars. Le bateau, faisant route vers l'Italie, était bondé et a dérivé pendant plus de deux semaines après être tombé en panne de carburant, d'eau et de vivres. «Le réfugié interviewé a raconté que des navires militaires sont passés deux fois à côté de leur bateau sans s'arrêter et qu'un hélicoptère militaire a jeté de l'eau et des vivres», a dit la porte-parole. Selon ces survivants, les occupants du bateau à la dérive en ont été réduits à boire de l'eau de mer et de l'urine et à manger de la pâte dentifrice avant de commencer à mourir un par un.