Contrairement à l'idée reçue selon laquelle seuls les illettrés sollicitent les services de l'écrivain public, il se trouve, en réalité, que même les universitaires y recourent. «Je reçois des universitaires qui me sollicitent pour leur rédiger des correspondances de tout genre. Etre un diplômé universitaire n'est pas toujours synonyme de capacité à rédiger des lettres. Car ce savoir-faire tient aussi d'un don en la matière. Il y a des universitaires qui ne connaisent pas les formules et la manière de rédiger ce genre de documents. D'autres n'ont pas le temps de le faire», nous explique Ahmed El-Harrachi. La difficulté est posée notamment chez ceux qui ont fait leurs études en arabe et qui doivent écrire des requêtes en langue française. L'expérience joue aussi un rôle déterminant, car les gens préfèrent opter pour ces écrivains ayant cumulé des années de travail que de «s'aventurer» en écrivant eux-mêmes ce genre de correspondances. «La plupart des problèmes soulevés par les universitaires concernent les relations de travail. Des licenciements abusifs et des cas de harcèlement moral et physique», précise notre interlocuteur. La grande satisfaction de l'écrivain public est d'aider quelqu'un à régler ses problèmes. «Il est vrai que ce métier constitue mon seul gagne-pain. Je fais des demandes entre 200 et 400 dinars, mais ma plus grande joie est quand un client vient me remercier pour l'avoir aidé. Je ne suis pas le genre d'homme qui aime les cadeaux, mais il y a des clients qui insistent pour m'offrir quelque chose en signe de reconnaissance», précise El-Harrachi.