Résumé de la 2e partie n Pour que le porcher lui donne une marmite de sa fabrication, la princesse accepte de lui donner dix baisers... Mais c'est superbe ! dit la princesse, je n'ai jamais entendu plus merveilleuse improvisation. Ecoutez, allez lui demander ce que coûte cet instrument. Mais je n'embrasse plus ! — Il veut cent baisers de la princesse, affirma la dame qui était allée s'enquérir. — Je pense qu'il est fou ! dit la princesse. Et elle s'en fut. Mais, après avoir fait un petit bout de chemin, elle s'arrêta. — Il faut encourager les arts, dit-elle. Je suis fille d'empereur. Dites-lui que je lui donnerai dix baisers, comme hier. Le reste, mes dames s'en chargeront. — Oh, ça ne nous plaît pas du tout ! dirent ces dernières. — Quelle bêtise ! répliqua la princesse. Si moi je peux l'embrasser, vous le pouvez aussi. Souvenez-vous que je vous entretiens et vous honore. Et encore une fois, la dame d'honneur dut aller s'informer. — Cent baisers de la princesse, a-t-il dit, sinon il garde son bien. — Alors mettez-vous toutes devant moi. Toutes les dames l'entourèrent et l'embrassade commença. — Qu'est-ce que c'est que cet attroupement, là-bas, près de la porcherie ? s'écria l'empereur. Il était sur sa terrasse où il se frottait les yeux et mettait ses lunettes. — Mais ce sont les dames de la Cour qui font des leurs ! Il faut que j'aille voir. Il releva l'arrière de ses pantoufles qui n'étaient que des souliers dont le contrefort avait lâché. Saperlipopette ! Comme il se dépêchait. Lorsqu'il arriva près de la porcherie, il se mit à marcher tout doucement. Les dames d'honneur occupées à compter les baisers afin que tout se déroule honnêtement, qu'il n'en reçoive pas trop, mais pas non plus trop peu, ne remarquèrent pas du tout l'empereur. Il se hissa sur la pointe des pieds : — Qu'est-ce que c'est ?! cria-t-il. Quand il vit ce qui se passait, il leur donna, avec sa pantoufle, un grand coup sur la tête, juste au moment où le porcher recevait le quatre-vingtième baiser. — Hors d'ici !! hurla-t-il, furieux. La princesse et le porcher furent jetés hors de l'empire. La princesse pleurait, le porcher grognait et la pluie tombait à torrent. — Ah ! Je suis la plus malheureuse des créatures, gémissait la princesse. Que n'ai-je accepté ce prince si charmant ? Oh ! Que je suis malheureuse ! Le porcher se retira derrière un arbre, essuya le noir et le brun de son visage, jeta ses vieux vêtements et s'avança vêtu de ses habits princiers. Il était si charmant que la princesse lui fit la révérence. — Je suis venu pour te parler, à toi ! dit le prince. Tu ne voulais pas d'un prince plein de loyauté. Tu n'appréciais ni la rose, ni le rossignol ! Mais le porcher, lui, tu voulais bien l'embrasser pour un jouet mécanique. Honte à toi ! Puis il retourna dans son royaume, ferma la porte et tira le verrou. Quant à elle, elle pouvait bien rester dehors, sous la pluie, et chanter si elle en avait envie : «Ah ! mon cher Augustin, tout est fini, fini.» Conte d'Andersen