Spirale - De nouvelles violences se sont produites hier soir à Dakar entre policiers et opposants pour exiger le retrait de la candidature du président Abdoulaye Wade. Les violences ont éclaté dans le centre-ville lorsque, juché sur le toit d'une voiture, Youssou Ndour, farouche opposant au président Wade, s'est approché très près d'un cordon de policiers anti-émeutes qui l'empêchaient d'accéder à la Place de l'Indépendance où était prévu un rassemblement interdit d'opposants. Des pierres sont alors parties depuis la foule qui entourait le véhicule du chanteur en direction de la police qui a riposté par des tirs de gaz lacrymogènes. Après cette dispersion, des jeunes se sont éparpillés par petits groupes dans des rues adjacentes, où des barricades de fortune ont commencé à être érigées et incendiées. Ils étaient près d'un millier de personnes sur une avenue pour tenter d'accéder sur la Place de l'Indépendance, rassemblés autour du célèbre chanteur, mais également de trois autres opposants et candidats à la présidence, Idrissa Seck, ex-Premier ministre de M. Wade, Ibrahima Fall et Cheikh Bamba Dièye. Pendant près de deux heures, les manifestants, face aux policiers, ont scandé des slogans et chanté des refrains d'une chanson hostile au président Wade. Youssou Ndour a toutefois été blessé à une jambe lors de la dispersion de la foule. Charles Faye, conseiller en communication de son mouvement citoyen «Fekké ma ci boolé» n'a pas souhaité préciser le type de projectile ayant touché le chanteur qui, a-t-il simplement indiqué, a été blessé «dans le feu de l'action». Au même moment, un jeune manifestant est mort à Rufisque, dans la banlieue de Dakar, des suites d'une blessure à la tête par une pierre lors des affrontements. C'est dans ce même climat tendu que l'ex-Président nigérian Olusegun Obasanjo est arrivé à Dakar en qualité de chef de la mission de l'Union africaine qui observera la présidentielle. Il a déclaré à son arrivée que «si nécessaire», il ne sera pas qu'un simple observateur «en raison de la situation sur le terrain». Depuis fin janvier, des échauffourées se sont régulièrement produites à Dakar, sa banlieue et en province lors de manifestations contre un nouveau mandat de M. Wade, élu en 2000 et réélu en 2007. Les violences ont fait au total six morts depuis la validation de cette candidature, le 27 janvier. Deux ONG sénégalaises de défense des droits de l'Homme ont évoqué «neuf morts et des dizaines de blessés» pendant cette période, une autre a appelé à «agir immédiatement pour mettre un terme à la violence d'Etat».