Le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative turque, a bloqué, hier, un décret gouvernemental controversé obligeant la police à informer sa hiérarchie avant toute arrestation dans le pays secoué par une crise politico-financière majeure. Une circulaire publiée, dimanche, obligeait les fonctionnaires de police à informer leurs supérieurs hiérarchiques avant de procéder à des perquisitions et des arrestations ordonnées par la justice. Cette mesure avait été vue comme un moyen pour le gouvernement islamo-conservateur, touché par une série d'enquêtes sur la corruption, d'avoir la haute main sur la police. Le Conseil d'Etat a décidé de suspendre l'exécution de ce texte contesté par les juristes et l'opposition parlementaire car son application «pourrait provoquer des dégâts irréparables» dans le fonctionnement de l'Etat, a estimé l'institution, selon le site internet du journal Hürriyet. Rappelons que pour répliquer au vaste coup de filet anticorruption le 17 décembre, M. Erdogan a lancé une purge sans précédent dans la police qu'il a accusée de ne pas l'avoir mis au courant d'une vaste enquête sur la corruption. La circulaire en question a été publiée dans la foulée des épurations dans la sûreté nationale où plus d'une centaine de hauts responsables ont été limogés et remplacés par des hommes jugés plus «sûrs».