Itinéraire - Nous la connaissons surtout à travers la télévision, notamment à travers des feuilletons qui, à l'exemple de Chafika, ont marqué les annales du petit écran. Elle, c'est Djamila Arras, scénariste, réalisatrice et comédienne. A la question de savoir ce qu'est devenue Djamila Arras, cette dernière répond : «Toujours la même. Je suis toujours là. Je suis l'artiste et en même temps la paysanne. Je m'occupe de mes arbres fruitiers, voire carrément de ma terre.» Nous lui demandons, surpris : pourquoi paysanne sachant qu'elle est une dame de culture ? Dans un sourire, Djamila Arras répond : «Je suis à la fois l'artiste et la falaha. Il n'y a pas vraiment de différence entre la culture et l'agriculture. Quand on est sensible, on est rattaché à la terre, cette terre nourricière. Et moi, je suis sensible à la nature, rattachée et attachée à la terre. Moi, je ne peux pas vivre sans la terre, sans ma terre. Je suis eau, bois, feuilles, feu, air, terre... Je suis pétrie par les éléments de la nature.» Celle qui se considère comme une plante, un arbre, une partie intégrante de la nature, son élément, dit : «Appartenir à la terre», car, pour elle, «tout est beau dans la nature, tout y est authentique». Ainsi, Djamila Arras réitère son attachement toujours et d'une façon renouvelée à la terre. «L'attachement à la terre signifie pour moi l'attachement à l'authenticité, aux valeurs ancestrales, donc à l'ancestralité», dit-elle. Djamila Arras, qui se ressource grâce à la terre, raconte qu'à l'époque, feu Yasser Arafat lui avait proposé d'aller vivre en Palestine.«Mais j'ai refusé», dit-elle, et de poursuivre : «J'ai eu aussi l'occasion de vivre en Jordanie et même en Europe, mais j'ai toujours refusé de le faire, parce que je suis attachée à la terre, à ma terre, celle qui m'a vu naître. Donc, je suis attachée à l'Algérie.» Celle qui dit appartenir à l'école de Tawfik el Hakim, souligne : «Je ne peux pas vivre sans l'Algérie.» Cela fait longtemps qu'on n'avait pas entendu sur le plan artistique parler de Djamila Arras. A une question sur la raison de cette éclipse, Djamila Arras, toujours le sourire aux lèvres, répond : «Je ne suis pas de ces artistes qui travaillent à la chaîne. Je donne un travail tous les trois ou quatre ans au maximum.» Djamila Arras, qui aime se lancer des défis afin de les relever, explique : «Je dois écrire, et pour bien le faire, il me faut du temps. Je dois me libérer de mon précédent travail. Je dois me ressourcer, d'où l'attachement à la terre. Quand j'écris, je suis dans un état second. Et une fois le travail achevé, je dois quitter mon état second. Je refais lentement surface. Je reviens à la réalité en repassant par ma terre que je cultive.» Après l'écriture, elle passe à la réalisation. «Même à ce niveau, il me faut du temps : je réfléchis aux décors, aux costumes, au casting... Je vais aux répétions de pièces théâtrales pour dénicher les comédiens et les nouveaux talents. Je suis exigeante, voire difficile. Je refuse tout ce qui est faux.» Une fois toutes les conditions réunies, Djamila Arras se lance dans son projet. «En ce moment, je suis sur deux projets qui, d'ailleurs, sont différents de ce que j'ai l'habitude de faire», dit-elle, et d'expliquer : «Le premier est une série de téléfilms. Le deuxième est aussi une série. Elle réunit des artistes – anciens et nouveaux – autour d'une table. Et sur place et sur le vif, chacun doit interpréter un texte qu'on lui aura donné.»