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Histoires vraies
Abel Stoner ne veut pas mourir (4e partie et fin)
Publié dans Info Soir le 06 - 08 - 2004

Résumé de la 3e partie : Après une semaine de coma Abel se réveille. Mais, fait étrange, il ne sent plus son corps.
Abel arrive à saisir une sorte de petit tabouret de paille. Il parvient à le bloquer contre la paroi de la cabane, puis réussit à rouler sur lui-même, une fois, deux fois, jusqu'à s'appuyer contre le tabouret. Par des efforts indescriptibles, il se retrouve assis le dos contre la paroi. Et ce qu'il voit autour de lui le galvanise. Tout d?un coup il n'a plus qu'une idée : sortir de là, pour ne plus voir l'épouvantable visage de cette vieille femme, morte à ses côtés depuis une semaine ! Il se retrouve dehors, il ne sait pas comment, en rampant, bref, il est dehors. Et c?est la peur qui le pousse à présent. Une peur qui n?a aucune raison d?être immédiate, puisque rien ne le menace. C'est pourtant cette peur qui va le faire se dresser et marcher d?arbre en arbre, pendant plusieurs centaines de mètres, jusqu'a l'extrême limite de son épuisement. Si l'on peut parler de limite en ce qui le concerne ! Disons simplement que cet homme a une chance insensée, extravagante. A ce niveau, on ne peut plus parler, ni de courage ni de résistance, mais de «baraka», comme disent les Arabes? Et en voici une nouvelle manifestation : à cette époque, dans cette région du Vietnam où règne la guérilla, les paysans sont rares et par conséquent les animaux domestiques aussi. La nouvelle chance d'Abel Stoner, c'est de ne rencontrer personne sur son chemin... à part un buffle. Un buffle égaré, très maigre, qui doit errer depuis longtemps tout seul. Le plus difficile, pour ce petit homme qui vient de vivre le pire, c'est de mettre à exécution la nouvelle idée fixe qu'il vient d'avoir : monter sur ce buffle ! Cet animal est forcément capable de le transporter. Dans quelle direction, aucune importance... Le principal étant de se faire transporter. En racontant la scène deux jours plus tard, Abel Stoner aura le mérite de sourire, et pour cause : un poumon troué, des côtes cassées, le crâne rafistolé, la hanche recousue, une jambe coupée? il esquissera pourtant un sourire, sur son lit d'hôpital, en se souvenant que le buffle ne voulait pas qu'on lui monte dessus. C?est une chose qui ne lui était peut-être jamais arrivée !
«S'il n'y avait pas eu les cornes, pour m'agripper dit Abel, je crois que je n'aurais jamais réussi !»
Il a réussi. Il s'est juché à califourchon sur l?animal hébété, il s'est à moitié couché sur lui. Il a pris la précaution d'attacher ses mains, à l'aide de son ceinturon, autour des cornes de l'animal, pour ne pas tomber. Et il s'est laissé porter. Il est arrivé ainsi jusqu'à un village, où enfin quelqu'un s'est occupé de lui. Il a bu du thé, mangé du riz.
Il a négocié les services d'une estafette, un jeune garçon d'une quinzaine d'années, pour prévenir le poste militaire le plus proche. Enfin, une ambulance est venue le chercher, et il raconte avoir beaucoup plus souffert sur les tables d'opération que pendant les trois semaines de son agonie ratée. Ce qu'il reste à dire sur Abel Stoner n'est pas très réconfortant : le voici rapatrié aux Etats-Unis, nanti d'une pension et d'une vague médaille... Le voici qui raconte à quelques journalistes et à une télévision locale l'effrayante aventure qu'il a vécue. Et le voici qui se révolte. Que se passe-t-il ? Quelque chose de très raisonnable en apparence : pour l'administration militaire, il est impossible qu'Abel Stoner soit sorti indemne d'une aventure pareille. Physiquement c'est évident, mais c'est le mental qui préoccupe l'administration? Il est donc nécessaire de lui faire subir une série de tests dits psychologiques, destinés à évaluer les «séquelles» de son aventure : il doit y avoir des séquelles. Pour un psychiatre militaire, on ne relâche pas dans la nature un rescapé du Vietnam tel que celui-là. Résumons brutalement : on suppose qu'Abel Stoner est devenu un tout petit peu fou ou qu'il peut le devenir ; que c'est normal et qu'il faut qu'il le sache... Mais Abel ne veut pas le savoir. Il ne veut plus entendre parler d'horreurs. S'il est nerveux et agressif, il estime qu'il en a parfaitement le droit, sans pour cela s'entendre dire qu'il a besoin d'aide. En fait, ce que lui reproche surtout le psychiatre de l'armée, c'est de vouloir le lui raconter à lui. L'administration qu'il représente se refuse à considérer Abel Stoner comme un être normal voulant normalement faire savoir à ses contemporains ce qu'il a vécu. Alors il y aura scandale. Dans la petite ville du Missouri où Abel Stoner cherche à reprendre le cours de son existence, on ne parlera bientôt plus de lui qu'en termes compréhensifs et sur un ton peiné.
«Le pauvre garçon, avec ce qu'il a vécu, à son âge, c'est normal qu'il n'ait plus toute sa tête.» Et il est bien plus difficile de lutter contre cet engrenage sournois que de survivre dans une cabane au fond du Vietnam. C'est pourquoi, un an à peine après son retour aux Etats-Unis, c'est véritabIement Ia fin de l'aventure du petit Abel Stoner. La police le surprend en train de piller un drugstore après avoir assommé le gardien. Le gardien est mort. On met Abel en prison, on prépare son procès. Voilà que recommence la ronde des psychiatres. Tout se mélange : la pauvreté du jeune pompiste du Missouri, l'héroïsme d'un volontaire civil, le chômage, la violence, les malheureux parents effondrés, la clémence du jury, l'état mental de l'accusé, des mots et encore des mots, des explications, des raisons. Comment le petit homme a-t-il supporté dix ans de réclusion ? Qu'est-il devenu ? Pourvu qu'il ait conservé un tout petit peu de cette chose indéfinissable : l'instinct. Pourvu que cet instinct qui l'obligea à survivre l'aide simplement à vivre au milieu des hommes !


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