Résumé de la 1re partie ■ La tradition du tatzelwurm existe dans tous les pays parcourus par la chaîne des Alpes de l'Ouest : Suisse, Autriche, Est de la France, Sud-Est de l'Allemagne, Nord de l'Italie et Slovénie. Les cryptozoologues ont proposé diverses hypothèses pour tenter d'identifier et de classifier le tatzelwurm. S'il ne fait aucun doute pour eux qu'il s'agit bien d'un reptile (entre autre à cause de sa langue bifide, de ses écailles et de son apparence similaire à celle d'un serpent), en revanche le mystère subsiste quant à son espèce : selon certains, le tatzelwurm serait une espèce inconnue d'héloderme, un genre de lézards particuliers qui possèdent la particularité d'avoir une salive venimeuse et dont le représentant le plus connu est le monstre de Gila. Le cryptozoologue amateur tyrolien Jakob Nicolussi fut le premier à émettre cette hypothèse en 1933, et il donna même un nom scientifique au tatzelwurm : Heloderma europeanum. Cette théorie est cependant très discutée, dans la mesure où il n'existe aucun héloderme dans l'Ancien monde (les deux espèces connues sont strictement américaines) et où les hélodermes ne partagent que peu de points communs avec le tatzelwurm (un corps trapu dont la tête et la queue sont nettement distinctes, et avec 4 pattes bien visibles). Bernard Heuvelmans a suggéré que le tatzelwurm pourrait être un lézard de la famille des Anguidés, des lézards sans pattes répandus dans toute l'Europe (on peut citer notamment l'orvet en France). Certaines espèces d'anguidés possèdent des pattes antérieures atrophiées, tandis que d'autres peuvent atteindre des tailles impressionnantes, tel le sheltopusik des Balkans (Ophisaurus apodus) qui peut mesurer jusqu'à 1 mètre 30. Pour d'autres cryptozoologues, le tatzelwurm serait une sorte d'amphisbene, une catégorie de reptiles fouisseurs encore méconnu. Certains traits des amphisbènes évoquent en effet une parenté avec le tatzelwurm : le corps allongé et recouvert d'écailles, évoquant celui d'un ver, avec la tête non différenciée du cou, la présence de deux petites pattes antérieures que l'on retrouve notamment chez certaines espèces... Cependant la ressemblance s'arrête là : il n'y a pas d'amphisbènes en Europe (à l'exception de la péninsule ibérique), les amphisbènes ne sont pas venimeux, et surtout ils ont un mode de vie souterrain qui cadre mal avec les témoignages recueillis. Il a été avancé que le tatzelwurm pouvait être une sorte de salamandre, mais les écailles et la langue bifide n'existent pas chez les batraciens et sont le propre des reptiles. Certains cryptozoologues établissent parfois un lien entre le tatzelwurm et l'olgoï khorkhoï, un cryptide vermiforme de Mongolie. Toutefois en dehors de leur ressemblance extérieure superficielle, ces deux créatures présentent de nombreuses différences tant dans leur aspect que dans leur mode de vie. Un ajolote (Bipes biporus), une espèce d'amphisbène mexicain dont la particularité est de posséder deux pattes antérieures, comme le tatzelwurm Les plus sceptiques avancent cependant que le tatzelwurm est une pure légende, probablement liée à celle du «lindworm», le «dragon serpent» des croyances germaniques et scandinaves. Ils s'appuient sur l'absence de la moindre preuve démontrant son existence, et pointent du doigt certaines caractéristiques improbables du tatzelwurm – comme par exemple sa capacité à faire des bonds en hauteur, ce qui est très improbable pour un reptile de cette morphologie – ainsi que la grande hétérogénéité des témoignages. Les cryptozoologues expliquent ce dernier point par la confusion des témoins, qui auraient parfois interprété des animaux bien connus (des serpents, des salamandres, ou des mammifères comme la belette ou la martre) comme des tatzelwürmer.