Victoire n Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 30 ans, a été réélu, hier, samedi, pour un cinquième mandat de cinq ans, l'opposition rejetant le résultat de ce qu'elle a qualifié de «parodie d'élections». La réélection de Yoweri Museveni était attendue. Il s'était à chaque fois imposé au premier tour lors des quatre élections précédentes, avec 75% des voix en 1996, 69% en 2001, 59% en 2006 et 68% en 2011. Son parti, le Mouvement de résistance nationale (NRM), a vu dans cette victoire la confirmation que ses adversaires avaient «échoué à offrir une quelconque alternative». Arrivé au pouvoir en 1986 -après avoir renversé l'autocrate Milton Obote-, M. Museveni est encore très populaire dans les campagnes et bénéficiait de la puissance financière et de l'expérience électorale du NRM. M. Museveni, 71 ans, a obtenu à la présidentielle du 18 février 60,75% des voix, loin devant son principal rival, Kizza Besigye (35,37%). L'ancien Premier ministre, Amama Mbabazi, ne recueille que 1,43% des voix. «Les résultats de l'élection présidentielle doivent être rejetés», a déclaré dans un communiqué M. Besigye, sitôt l'annonce des résultats, tout en se disant assigné à résidence chez lui. «Je vous demande, au nom des courageux citoyens ougandais, de rejeter les résultats de cette parodie d'élection», a-t-il ajouté à l'attention de la communauté internationale. Il a dénoncé un processus électoral «frauduleux», mené par une commission électorale qui «n'est pas indépendante». Il a déploré les retards enregistrés jeudi dernier, le blocage des réseaux sociaux, les restrictions à la liberté d'expression et les arrestations de ses partisans. «Les résultats juste annoncés ne reflètent pas la situation sur le terrain», a, de son côté, estimé M. Mbabazi, cité par l'un de ses assistants. L'opposition accuse la Commission électorale d'être partisane et de couvrir les fraudes commises par le régime. L'impartialité de celle-ci a aussi été mise en cause par les observateurs de l'Union européenne et du Commonwealth. L'Ouganda, pays enclavé d'Afrique de l'Est dont la population est estimée à 37 millions d'habitants, n'a jamais connu d'alternance politique pacifique depuis son indépendance en 1962. Le premier tour de la présidentielle et des législatives (2016) a été particulièrement chaotique à Kampala, réputée acquise à l'opposition: de nombreux bureaux ont ouvert jeudi avec plusieurs heures de retards, provoquant des heurts entre électeurs en colère et forces de l'ordre.