Résumé de la 10e partie n Sue Ellen, pas plus qu'Ellsworth, ne savait se débrouiller en l'absence de domestiques. Dans le paquet de Sue Ellen, il prit une cigarette l'alluma et la plaça sur son oreiller, à côté de sa tête. Puis il sortit de la chambre sur la pointe des pieds, laissant la porte ouverte afin que le courant d'air de la cage d'escalier puisse attiser le feu. II s'étendit sur le canapé de son bureau pour attendre. Quand la fumée arriverait jusqu'à lui, il bondirait à la rescousse de sa femme, mais il serait tragiquement trop tard. Ainsi que tout le monde le lui avait prédit — même ses proches parents —, le tabac la tuerait. Ellsworth esquissa un sourire. — Au revoir, Sue Ellen, dit-il. Il ferma les yeux. Le hurlement dégringola l'escalier et lui vrilla le crâne. Comment s'était-elle éveillée ? En principe, la fumée ne réveillait pas les gens — théoriquement, elle avait l'effet exactement inverse. De l'étage lui parvenaient des hurlements aigus. Il referma les paupières. Dans cinq minutes, il s'aventurerait assez haut pour se roussir le veston. Après quoi, il appellerait les pompiers. — Ellsworth ! Ellsworth ! Réveille-toi. La voix de Sue Ellen arrivait de l'extérieur du bureau. Puis elle fut là, en chemise de nuit, sans même un cheveu de brûlé. A l'étage, on hurlait toujour. — La maison brûle ! lança-t-elle en l'aidant à se lever. En haut. J'ai déjà téléphoné aux pompiers. Tu as l'air complètement abruti. Tu devais dormir très profondément. Ils sortirent ensemble, et se tinrent sur le gazon. — Sue Ellen, dit-il avec lenteur, il y a encore quelqu'un là-haut. Elle secoua la tête : — Nous sommes seuls tous les deux, ce soir. — Mais j'ai entendu des cris. D'ailleurs, je les entends encore. — Des cris ? s'étonna-t-elle avant de sourire. Mais j'ai essayé de te le dire ! L'entrepreneur affirmait que notre alarme marchait de travers. II m'a fait allumer mon briquet sous un détecteur et souffler de la fumée dedans. Il avait raison, Ellsworth. Ça n'a même pas émis un couinement. C'était épouvantablement dangereux ! Alors, il a installé ces nouveaux détecteurs électroniques, et nous en avons maintenant dans toute la maison. Elle contempla les flammes qui ravageaient le toit. — Avions, se corrigea-t-elle. Nous avions de nouveaux détecteurs électroniques. Tous deux soupirèrent. Puis le visage de Sue Ellen s'éclaira : — Nous devons quand même regarder l'aspect positif des choses. Peut-être avons-nous perdu une partie de notre maison, et gaspillé beaucoup de temps et de dur travail, mais nous sommes encore en vie. Quelle chance que cet entrépreneur ait eu l'œil aussi acéré, non ? Et quel miracle ! Il a installé les nouveaux détecteurs dans la journée, et ils nous ont sauvés ce soir ! Ça donne à réfléchir, n'est-ce pas ? A suivre