Résumé de la 11e partie n Sue Ellen arrivait de l'extérieur du bureau en chemise de nuit, sans même un cheveu de brûlé. Ellsworth branla du chef, sombre. Les réflexions que cela lui inspirait étaient insupportables, et sans fin. Il fallut le mugissement des sirènes de véhicules des pompiers qui arrivaient pour l'arracher à sa mélancolie. — Oh, Ellsworth, glapit Sue Ellen, je suis dans un état ! Toute la caserne des pompiers qui va me voiren chemise de nuit. Je préférerais mourir ! — Arrête de dire ça ! beugla-t-il. Peu après, Ellsworth se mit lui-même au tabac, pour avoir quelque chose à faire à part arpenter son bureau durant de longues nuits. Comme un forcené, il cherchait une solution à son problème. Il envisagea la pratique des sports dangereux, mais cela lui faisait peur et Sue Ellen était elle-même assez froussarde. Il se demanda comment on pouvait introduire un os de poulet dans la gorge de quelqu'un. II pensa se déguiser en cambrioleur et abattre Sue Ellen en pénétrant dans la maison. Mais il ne put trouver le moyen de se forger un bon alibi, puisque les seules personnes qu'il connaissait en ville appartenaient, justement, à l'encombrante famille. Il pleura beaucoup, perdit du poids, et se mordit tant la lèvre inférieure qu'elle gardait en permanence la marque de ses dents. Et puis, un beau dimanche, trente-deux jours après qu'Ellsworth eut pris la décision de se débarrasser d'elle, Sue Ellen lui fournit elle-même la réponse. — Oh ! souffla-t-elle, excitée, en regardant par la fenêtre de son bureau. Ils dormaient dans cette petite pièce, bien trop à l'étroit, pendant que l'étage subissait des réparations. — Regarde, reprit-elle. La journée sera parfaite pour ça. — Pour quoi ? s'enquit-il, bien qu'il eût cessé depuis longtemps de s'intéresser au bavardage de sa femme. — Pour la réunion du directoire ! — Qu'est-ce que le temps a à voir là-dedans ? riposta Ellsworth. En plus, on est dimanche. — Tu as quitté la dernière réunion, mon trésor, tu n'es donc pas au courant. Nous avions décidé de tenir notre prochaine réunion au bord de la rivière. Avec un pique-nique et tout ça. Pour joindre les affaires au plaisir, en quelque sorte. — Eh bien, grommela-t-il, puisque, moi, j'en ai fini avec vos affaires, je te verrai ce soir. Déjà une nouvelle réunion du directoire ! Cela le déprima terriblement. Tempus fugit, mais Sue Ellen était toujours là. Un mois, entier s'était écoulé, mais rien n'avait changé. Rien du tout. Il était, toujours Ellsworth Hummer, qui ne possédait rien sauf un titre sans signification, et le statu quo pouvait se prolonger éternellement. — Sottises ! rétorqua Sue Ellen. Nous avons besoin de toi là-bas. Oh, je sais que tu nous as fait une petite bouderie, mais tu es encore le président de la société. Ne gâche pas tout. En plus, ce sera amusant. A suivre