Douleur Un parent d?une victime se rappelle les derniers instants d?une communication qu?il a eue avec «le Béchar». «Mon frère, matelot à bord du Béchar, m?a téléphoné à 15h, il m?annonçait que le bateau était en train de couler, il me suppliait de faire quelque chose? de prier pour eux?», raconte le parent d?une victime, au bord de la crise de nerfs. Commence alors une insoutenable course contre la montre, une course contre la mort? «A la Capitainerie, on m?annonçait qu?ils allaient faire quelque chose.» «Trop tard !.» Quelques heures plus tard, le matelot ne fera pas partie de ceux repêchés et c?est ce qui chagrine le plus notre interlocuteur. «Il fait sans doute partie des disparus.» Comme lui, d?autres parents sont dans l?expectative. Dévorés par la douleur, ils attendent des nouvelles non sans cette intenable rage au c?ur qu?ils veulent déverser à la face des responsables de la Cnan et de la Capitainerie, coupables à leurs yeux d?être «plus responsables de la catastrophe que la météo». Hier dans une salle du port d?Alger, on épluche courageusement la liste des disparus, les photos surtout? Renseignements pris, les matelots avaient un détail en commun : ils étaient tous des contractuels après plus de 15 ans de bon et loyaux services en haute mer pour la plupart. «Mon frère était mis dehors après 17 ans de service. Il a repris le boulot comme contractuel, car il avait une femme et des enfants à nourrir», s?offusquait un parent qui précise que «Rachid a passé un quart d?heure à la maison la veille de l?Aïd avant de regagner le navire. Il avait acheté des vêtements à ses enfants». Un autre parent ne cesse de faire des allers et retours dans la salle, le portable collé à l?oreille. «J?essaie de joindre sa famille à Annaba, Abdellah était dans le navire ce jour-là?», se lamente-t-il. Comme lui, d?autres personnes, le c?ur déchiré, les nerfs à fleur de peau, sont là, dans l?attente d?une nouvelle. Bonne ou mauvaise, elle sera de toute façon avalée.