Naufrage Quelques heures après la tragédie, matelots, Capitainerie, Cnan, et parents de victimes s?affrontent à buste découvert. «Les recherches dépendent de la météo». R. M., responsable au port d?Alger, sait pertinemment que cette petite phrase a du poids. Le sort des 17 disparus du «Béchar» est, en effet, suspendu aux tribulations ahurissantes des vents. Par temps clément, les hommes grenouilles auront moins de peine à accomplir convenablement leur tâche : repêcher les cadavres. A défaut, les corps des 13 marins seront rejetés par les vagues, une fois la mer calmée. Les recherches se poursuivent encore à cette heure avec les moyens nationaux et l'appui d'un hélicoptère de la marine espagnole qui, prenant son envol de la base de Las Palmas, dans les Baléares, «n'a pu atteindre Alger qu'à 4h 00 du matin en raison des conditions météorologiques extrêmement défavorables». Du côté de la jetée Kheiredine-Barberousse et les Sablettes, des termes autres que secours, cadavres ou rescapés se débattent dans le charivari diabolique des vagues. On évoque pêle-mêle, négligence coupable, vieillissement de la flotte ou alors erreur d?aiguillage ou problème technique. Sur les lieux de la catastrophe, on s?affronte à buste découvert. «Le Béchar devait rentrer en réparation. Il était en rade depuis deux ans et demi», avoue un agent de la compagnie Cnan Group. Un matelot, qui est «descendu» du cargo la dernière semaine du ramadan abonde, lui aussi, dans le même sens. «Le navire était en rade et devait rejoindre en principe les ateliers de Béjaïa», lance-t-il. Un troisième parle de la météo. «Nous avons reçu le bulletin samedi à 9h, les responsables pouvaient facilement réagir», martèle-t-il. Et dans cette panoplie d?accusations, Ali Koudil, P-DG de la Cnan, réagit pour apporter des précisions. De prime abord, il réfute la cause du «vieillissement de la flotte» non sans remonter le film des douloureux événements. «Le Béchar nécessitait une révision générale pour le mettre en conformité avec la réglementation en vigueur», a-t-il résumé avant d?ajouter que la réparation du «Béchar» «devait commencer ce mois-ci».