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Théâtre
Un art par et pour le citoyen
Publié dans Info Soir le 15 - 02 - 2006

Débat n «Théâtre, cité et citoyenneté» est le thème du colloque organisé par l?établissement Arts et Culture et ce, dans un seul souci : définir le théâtre dans la cité.
Définir le théâtre dans la cité, c?est à l?évidence dessiner les liens entretenus l?un avec l?autre et de décrire aussi son rôle et sa fonction dans l?édification de la citoyenneté.
Le théâtre a été créé il y a plus de vingt-cinq mille ans dans la cité à Athènes et, depuis, il entretient une relation étroite avec celle-ci, donc avec le citoyen qui est amené à participer à l?édification d?une société régie par les valeurs qu?est censée prôner la citoyenneté.
En Algérie, le théâtre s?avère une problématique : sert-il à produire un citoyen ou à construire une citoyenneté adaptée aux attentes de chacun ? A-t-il une relation avec la cité et ainsi avec les citadins ? D?abord, un constat s?impose : depuis plusieurs années, le théâtre n?a plus de public, il l?a perdu. D?emblée, la rupture s?opère entre le théâtre comme outil d?éducation et entre le citadin comme apprenant.
Le théâtre, en tant qu?édifice, existe, mais en tant que rapport social il est quasiment absent de nos habitudes, de notre imaginaire et de notre société. Cette rupture fait que la notion de citoyenneté devient théorique, voire utopique, un simple discours dénué de tout élément significatif.
Si le théâtre n?a plus de public, c?est parce qu?il n?y a plus de relève ; et s?il n?y a plus de succession, c?est tout bonnement parce qu?il n? y a pas eu une politique consistant à former une génération nouvelle de public destinée à porter son intérêt sur l?exercice théâtral. La question qui se pose est : comment doit-on former un public ? Fouzia Akka, titulaire d?un magistère en communication et chargée de cours à l?institut de journalisme, dira que «l?apprentissage se fait à l?école, qu?il est du devoir de l?école d?initier les élèves au 4e art, les inciter au travers de cette formation qu?un professionnel doit assurer à aller assister aux représentations théâtrales».
En somme, l?intervenante met l?accent sur la nécessité de créer le théâtre dans l?école ; et une fois l?initiation assurée, il est clair que la notion de la citoyenneté sera inculquée aux enfants. De ce fait, l?école où il est question d?éducation parvient à concrétiser, par l?entremise de la pratique théâtrale, les concepts de la cité et de la citoyenneté. Reste à réfléchir la manière d'intégrer le théâtre dans l?école.
De son côté, Bouziane Benachour, critique et dramaturge, dira que le théâtre algérien est un théâtre ancré dans la cité puisqu?il met en scène l?histoire des petites gens. Selon lui, ce n?est plus le destin communautaire qui est raconté, mais plutôt les réalités publiques, celles de la rue et de la vie sociale, donc de la ville qui sont rapportées. L?on ne parle plus, ajoute-t-il, de figures qui ont marqué l?imaginaire collectif et qui constituent des référents historiques, mais des personnes simples, tirées du quotidien.
Ainsi, il y a un rapport social entre le théâtre et le public, une relation à même d'enclencher une prise de conscience sur le rapport du théâtre à la cité, donc sur son rôle dans la construction d'une citoyenneté.
l «Place du patrimoine dans le théâtre algérien et transformation de la cité» a été un autre thème abordé par Dris Gargoua, docteur en littérature théâtrale, professeur conférencier à l?institut des sciences humaines de Sidi Bel Abbes et écrivain. L?intervenant cherche, lors de son intervention, à comprendre en quoi le patrimoine peut rendre service à la ville et au théâtre. Pour lui, «le patrimoine a permis au théâtre d?émerger». Prenant conscience de la portée du patrimoine dans la pratique théâtrale, des dramaturges, à l?instar de Abdelkader Alloula, s?en sont inspirés pour penser un nouveau théâtre davantage adapté aux besoins du public. Ce dernier a puisé dans le terroir pour créer son théâtre, un théâtre populaire reflétant la réalité sociale communautaire. Il précisera, en effet, que le patrimoine n?est pas un fait sacré auquel il est sage de ne pas toucher ; bien au contraire, il est intéressant, selon lui, de prendre ce qui peut aider le dramaturge à élaborer des modèles pour la création et le renouveau dramaturgique. Ainsi, le patrimoine constitue un riche réservoir d?authenticité, il confère au théâtre sa spécificité et son modèle, donc une identité, une personnalité.


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