Première n Une formation s'est déroulée il y a quelques semaines au profit d'un certain nombre d'enseignants de langue française. Elle s'est étalée sur cinq jours. Le côté journalistique a été assuré par M. Badaoui, qui a expliqué à ses élèves comment confectionner un journal ; la partie pédagogique est revenue à M. Huguier. Le dernier jour, les stagiaires devaient confectionner seuls le journal. La salle immense ressemble à une véritable salle de rédaction. Après avoir choisi leur rédacteur en chef et le «projet rédactionnel», chacun ayant choisi son sujet, place aux choses sérieuses. Ils se sont attelés à leur tâche, découvrant le stressant impératif du bouclage. «Je veux les papiers avant 14 heures» lance M. Badaoui d'une voix impitoyable. Auparavant, il avait donné les dernières consignes, répondant à toutes les questions. «Je veux savoir s'ils ont assimilé l'enseignement que nous leur avons inculqué depuis cinq jours», explique-t-il. Il est déjà 11 heures. La plupart se regardent, chacun cherchant un soutien dans le regard de l'autre. «Mohamed part sur Blida, il a été désigné pour assurer la couverture journalistique du concours national de dictée française, j'espère qu'il arrivera avant 14 heures», explique, anxieuse pour son camarade, Rachida. Mme Yamina, est collée sur sa chaise, la tête baissée. «Je ne sais par où commencer !», avoue-t-elle. Un stagiaire, les yeux cloués sur sa feuille, est immobile ; un autre, le front en sueur, regarde dans le vide. Le silence impose sa loi. L'heure fatale du bouclage s'approche. La panique s'empare des plus courageux. Des conseils s'échangent à mi-voix. MM. Badaoui et Huguier veillent sur le déroulement de l'examen. Ils veulent tâter leur enseignement, évaluer le niveau. Pas question de relâcher leur attention. Sentant la pression, chaque élève plonge dans son texte. M. Badaoui matraque quelques conseils secs. Chaque mot atteint son but. L'impact se vérifiera dans les prochains mois. L'enseignement théorique se vérifie dans ces instants décisifs. Que peuvent espérer les encadreurs si les stagiaires échouent dans leur tentative de produire un journal ? Les dés sont jetés sur le tapis de l'information. L'espoir est encore permis. Il est possible que quelques éléments transcendent le groupe. L'espoir naîtra de ces stagiaires ; les premiers pas de cette nouvelle culture reposent sur leurs épaules. Ils doivent réussir, ils doivent donner corps à leur enseignement à travers des publications qui durent. Le champ est vierge, les premières graines semées, la récolte, espérons-le, sera bonne… dans quelques années.