Engagement n Ces chômeurs «qualifiés» ont, après avoir frappé à toutes les portes, opté pour le mode «emploi-trottoir». Tous les matins, ils se postent dehors et attendent d'éventuels employeurs. «Nous sommes dans un pays d'ingratitude et de méconnaissance. On nous a utilisés dans les moments difficiles et aujourd'hui nous sommes livrés à nous-mêmes. Heureusement que la survie est entre les mains de Dieu», déclare, amer, un plombier croisé à la sortie du marché Clauzel, ses outils de travail posés sur le trottoir, dans l'attente, bien évidemment, d'un employeur. D'autres, maçons, électriciens, peintres… nous ont ouvert leur cœur et ont évoqué leur interminable calvaire et tout ce qu'ils ressentent comme amertume au quotidien. Rachid, plombier, résidant à El-Hamiz, estime que sa situation actuelle, malgré sa précarité, n'est pas aussi désespérée qu'on l'imagine. «Je gagne ma vie grâce à ma discipline dans le travail, à mes compétences et notamment aux tarifs abordables que je propose. J'arrange tout le monde et c'est pour cette raison que je suis connu un peu partout à Alger et que je suis de plus en plus sollicité.» Et demain ? Notre interlocuteur n'est pas du tout inquiet et semble même heureux de son sort. «L'avenir ne me fait pas du tout peur car je suis en train d'épargner de l'argent dans la perspective de lancer une petite entreprise pour me mettre à l'abri de tout imprévu», dit-il, confiant. Lakhdar, électricien, venu de Dellys (Boumerdès), n'est pas du tout du même avis et souhaite décrocher un emploi stable dans une entreprise privée ou étatique. «Il est vrai que ce travail rapporte de l'argent, mais l'avenir est incertain surtout que je suis exposé quotidiennement à différents risques. Et si je péris dans la maison de quelqu'un par électrocution ou autre accident, qui va s'occuper de mes enfants ? J'ai déposé de nombreux dossiers aussi bien à Boumerdès qu'à Alger et je continue à chercher jusqu'à ce que je puisse enfin travailler en toute sécurité», confie-t-il. Et d'ajouter : «Travailler chez des particuliers reste toujours une précarité et, je dois l'avouer, une exploitation car parfois, je ne reçois mon dû de l'employeur que trois mois plus tard. Allah ghaleb, nous sommes des damnés de la société et nous n'avons pas d'autre choix.» Un sentiment incontestablement partagé par l'ensemble des chômeurs qui n'aspirent qu'à une vie digne, loin des pratiques répréhensibles.