Dualité n Après un mois d'agression contre le Liban, la puissance militaire israélienne est défiée par un adversaire numériquement et technologiquement beaucoup plus faible, mais qui a contraint plus d'un million d'Israéliens à se terrer ou à fuir. Les objectifs que se sont fixés les autorités militaires et gouvernementales israéliennes – la fin des tirs de roquettes à courte et longue portée du Hezbollah et la libération de deux soldats enlevés le 12 juillet – ne sont pas encore réalisés quatre semaines après le début des combats. Ni la chasse israélienne, qui a effectué plus de 8 000 sorties depuis le déclenchement des hostilités, ni l'artillerie, qui a déversé plus de 100 000 obus sur le Liban, ni l'offensive terrestre en cours dans plusieurs secteurs qui mobilise près de 20 000 hommes, ne sont, à ce stade, parvenues à réduire les bombardements de roquettes et encore moins à mettre le Hezbollah en déroute. 36 civils ont été tués alors que 65 militaires ont péri depuis le début du conflit. Des villes israéliennes comme Haïfa, Tibériade, Safed, à plusieurs dizaines de kilomètres de la frontière, sont toujours à la portée des katiouchas. Leurs rues sont désertes et leur activité économique considérablement ralentie. Sans parler des missiles à plus longue portée qui peuvent toujours atteindre des villes plus éloignées de la frontière, y compris dans le secteur central de Tel-Aviv. Pour la première fois depuis la guerre israélo-arabe de 1948, les autorités ont même décidé d'évacuer les arrières, en l'occurrence la ville frontalière de Kyriat Shmona, quasiment vidée depuis mercredi de ses 24 000 habitants. La tâche semble à ce point compliquée que le cabinet de sécurité a décidé, hier, mercredi, d'élargir son offensive terrestre, ce qui signifie déverser des milliers de soldats au Liban-Sud et tenter de prendre le contrôle d'une zone de sécurité «nettoyée» des nids de résistance chiite. Le chef d'état-major, le général Dan Haloutz, a même admis publiquement que ce nouveau conflit «est plus important que tous ceux qui l'ont précédé». Ce même général estime que cette guerre doit restaurer la force de dissuasion de l'armée sérieusement érodée, craint-il, aux yeux d'un monde arabe qui encense son nouvel héros, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah. D'autant que l'armée semble avoir été surprise par l'audace et l'opiniâtreté des combattants du Hezbollah.