Si les événements de la vie d'Asma pouvaient être oubliés, sa dernière rencontre avec son fils Abdullâh reste l'un des moments mémorables du début de l'Histoire de l'Islam. Lors de cette rencontre elle montra l'acuité de son intelligence, la fermeté de sa résolution et l'intensité de sa foi. Abdallah aspirait au califat après la mort de Yazîd Ibn Muâwiyah. Le Hijâz, l'Egypte, l'Irak, le Khorasân et une grande partie de la Syrie lui étaient favorables et le proclamèrent calife, mais les Omeyyades contestèrent ce califat et dressèrent une armée formidable sous les ordres d'Al-Hajjâj Ibn Yûsuf Ath-Thaqafî. Des batailles implacables furent livrées entre les deux camps, durant lesquelles Abdallah Ibn Az-Zubayr s'illustra par ses actes de bravoure et d'héroïsme. Plusieurs de ses partisans ne purent supporter la contrainte persistante de la guerre et finirent par déserter. Il se réfugia dans la Mosquée sacrée de La Mecque et c'est là qu'il alla trouver sa mère, alors vieille et aveugle, et lui dit : «Que la paix soit sur toi, mère et la clémence et la grâce d'Allâh.» «Et que sur toi soit la paix, Abdallah, répondit-elle. Qu'est-ce qui t'amène ici à cette heure alors qu'au Haram les catapultes d'Al-Hajjâj font pleuvoir sur tes soldats des blocs de pierres qui secouent les maisons de La Mecque ?» «Je viens te demander conseil», dit-il. «Me demander conseil ? s'étonna-t-elle. A quel sujet ?». «Les gens m'ont abandonné par crainte d'Al-Hajjâj ou alors parce qu'ils se sont laissés tenter par ce qu'il avait à leur offrir. Même mes enfants et ma famille m'ont quitté. Il ne reste plus qu'une poignée d'hommes qui, bien que vaillants et dévoués, ne résisteront pas plus d'une heure ou deux.» (à suivre...)