Nous n?avions pas attendu que si M?hammed ne soit plus parmi nous pour l?encenser. Nous avions eu l?honneur de le faire quand il était encore parmi nous. Nous l?avions donné comme un exemple de politicien honnête et nous n?avions cité que lui dans ce billet publié le 29 septembre et que nous republions aujourd?hui en hommage à ce grand homme. Pourquoi faut-il absolument, aujourd?hui, que la politique soit un cloaque où l?on se vautre avec délectation et d?où l?on sort toujours souillé et malodorant ? Il y a pourtant des noms de chez nous et d?ailleurs, de personnalités politiques qui ont pratiqué cet art ambigu et complexe avec néanmoins un sens aigu de l?honneur, de l?intégrité morale et du devoir. Faut-il faire devoir de mémoire ? Alors rappelons que des politiciens dignes nous ont fait l?honneur d?exister comme Messieurs Ferhat Abbès, Abane Ramdane, Krim Belkacem, Mohamed Boudiaf, Mohamed Seddik Benyahia et bien d?autres qu?on nous pardonnera de ne pas citer tous et dont certains sont encore parmi nous, à l?instar de Monsieur M?hammed Yazid qui a su préserver son fabuleux passé de toutes les basses tentations. C?est malheureusement loin d?être le cas de troupeaux entiers de politicards, dont l?histoire ne retiendra que la gloutonnerie, la stupidité et la basse flagornerie. Dès l?indépendance, ces redoutables prédateurs feront main basse sur le pays et iront jusqu?à s?approprier la conscience collective, se posant en régents d?un nationalisme étriqué et en dépositaires autoproclamés de l?histoire de la Guerre de libération qu?ils falsifieront sans vergogne. Du temps du parti unique, on les voyait, enflés d?orgueil, le regard plein de mépris pour cette multitude qu?ils flattaient pourtant dans leurs discours creux et stéréotypés. Ils roulaient carrosse dans leurs R 16 et 504 noires aux vitres fumées. Pendant que le peuple manquait de tout et rêvait d?acquérir les choses les plus usuelles, comme un simple réfrigérateur, leurs familles s?approvisionnaient en produits de tout genre dans les magasins réservés à la nomenklatura. Leurs épouses disposaient à leur guise d?autorisations de sortie pour se rendre à Paris, Genève ou Rome, assister aux frais de la République algérienne démocratique et populaire, à des défilés de mode, se faire masser le cuir ou faire leurs emplettes chez Cardin et autres Rabane. Toute honte bue, n?oubliant jamais de nous abreuver de leurs discours pompeux et démagogiques, crachant leur fiel contre le peu de politiciens honnêtes qui refusaient de s?acoquiner avec eux, ils ne reculaient devant aucune infamie pour accaparer les biens du peuple. Ces révolutionnaires de la bombance allaient jusqu?à se livrer à toutes sortes de frasques et d?orgies. Aujourd?hui, ils ressassent, en soupirant et tout honte bue, qu?ils avaient voulu faire le bonheur du peuple malgré lui. Peuchère !