Histoire n Au début, il n'y avait que quelques chalets où logeaient les fossoyeurs. Aujourd'hui, 116 familles habitent dans le cimetière d'El Alia, l'un des plus grands d'Algérie. Avant 1962 tous les travailleurs du cimetière d'El Alia venaient des wilayas de l'intérieur du pays. «Seulement sept ou huit personnes logeaient dans des chalets, car ils travaillaient au cimetière comme fossoyeurs ou gardiens. C'est alors qu'ils ont commencé à ramener leurs familles et leurs proches», Souligne M. Mohamed Djeknoune, le directeur des pompes funèbres au cimetière. Les choses sont resté ainsi jusqu'aux débuts des années 1990 où les familles des habitants du cimetière restées au bled ont fui le terrorisme et la misère pour venir s'installer chez leurs proches à El Allia. «C'était un véritable exode rural, au bout d'une dizaine d'années 116 familles sont venu s'y installer où moment où l'autorité de l'Etat était absente», explique M. Djeknoune. Ce dernier cite l'exemple de la commune d'Oued Smar qui délivrait à l'époque des lots de terrains au sein même du cimetière. «Alors que nous avons un acte de propriété délivré en 1941 et qui estimait la superficie du cimetière à 80 hectares», défend-il. Mieux encore, un décret de wilaya d'Alger interdit toute construction à moins de 35 mètres de la clôture du cimetière. Selon M. Djeknoune, cette situation entrave beaucoup les travaux de l'aménagement des lieux. Une enveloppe financière de 52 millions de dinars a été débloquée pour aménager et élargir la zone 1 et la zone 3. «Nous voudrons qu'ils partent pour qu'on puisse entamer nos travaux d'extension.» Un autre aspect a été relevé par le directeur des pompes funèbres du cimetière d'El Allia, il s'agit de la sécurité. En effet, et selon lui, beaucoup d'agents ont été agressés par les habitants de ce quartier. «Il suffit qu'il y ait la moindre querelle entre eux et les agents, pour une raison la plus banale, pour que les habitants les agressent physiquement.» Selon un agent de sécurité «ils ouvrent des brèches dans les murs du cimetière et y pénètrent. Beaucoup de tombeaux chrétiens ont été vandalisés et pillés... et le phénomène continue toujours». M. Djeknoune, révèle une autre vérité : «nous avons des preuves que certains habitants du bidonville d'El Alia, ont bénéficié ailleurs d'un logement. Mais, ils louent leurs maisons et viennent ici dans l'espoir d'avoir un nouveau logement.» Pis ! Dès qu'ils entendent qu'une opération de démolition est imminente, ils appellent immédiatement leurs proches et les logent chez eux avec leurs familles pour qu'ils bénéficient, eux aussi, d'un logement. Un agent de sécurité qui y travaille depuis 20 ans nous a même raconté qu'il existe des réseaux de trafic de drogue et de prostitution parmi les habitants du quartier… Mais, il a justifié cela par la pauvreté des gens. Reste que les uns comme les autres constituent l'exception et que la majorité est amenée là, par un vrai problème de logement.