Contradiction n Les comportements des piétons viennent en troisième position dans le classement des causes d'accidents, mais ils sont ignorés dans les campagnes de sensibilisation. Il est un élément très actif dans la survenue des accidents surtout en milieu urbain, mais il arrive à se soustraire au discours alarmant des responsables en charge des transports quand ils parlent des accidents de la circulation. Il est aussi oublié ou ignoré dans les campagnes de sensibilisation sur le phénomène de l'insécurité routière que la tutelle organise de manière sporadique. Lui, c'est le piéton. Le passant qui prend toutes les libertés en circulant dans tous les sens, coupant la route (ou l'autoroute) où bon lui semble et cause des accidents dont il est la victime, sinon il gêne la circulation routière provoquant ainsi des embouteillages. Les premières informations avancées par le Centre national de prévention et sécurité routière (Cnpsr) font apparaître que les comportements «anarchiques» des piétons sont classés à la troisième place dans les causes d'accidents. En 2006, les données du Cnpsr avaient montré que «l'implication des passants» était classée en deuxième position après l'excès de vitesse. Plus significatif encore : le comportement des passants sont la première cause dans les accidents enregistrés en milieu urbain ! Par les chiffres, ils étaient à l'origine de 11 128 accidents sur un total de 19 029 cas relevés dans les zones urbaines. Les autorités reprochent au piéton le non-respect du passage protégé (quand ils existent), «l'inconscience» en investissant directement la chaussée au lieu d'emprunter les passerelles (quand elles existent). Cependant, si le rôle des piétons dans l'amplification du phénomène de l'insécurité routière est passé sous silence lors des campagnes d'information et de prévention, le législateur algérien a bien pris conscience de son rôle actif. C'est ainsi qu'un «nouveau dispositif lié au piéton» a été introduit dans la loi 87-09 du 10 février 1987 relative à l'organisation, la sécurité et la police de la circulation routière, une révision qui a donné naissance à la loi 01-14 du 19 août 2001 actuellement en vigueur. En vertu de cette loi, il est institué une amende allant de 200 à 300 da pour les piétons qui contreviennent à leurs obligations : circuler sur les trottoirs, traverser aux points des passages protégés, emprunter les passerelles et s'interdire de s'immobiliser sur la chaussée. Selon la loi, le piéton est «une personne se déplaçant à pied.» D'autres catégories lui sont assimilées : les personnes qui conduisent les voitures d'enfants, de malades ou d'infirmes, les cyclistes ou les cyclomotoristes et les infirmes qui se déplacent dans une voiture roulante mue par eux-mêmes à une allure très faible. Même s'il n'intéresse ni les responsables chargés de la prévention ni la police ou la gendarmerie, le piéton a une longue histoire : le premier passant tué dans un accident, le 17 août 1896, est un Londonien.