Résumé de la 17e partie n Amelia appelle le pénitencier d'où vient d'être libéré Thomas Rogers. Tout le personnel ne tarit pas d'éloges à son égard... Elle se sentait aussi cynique qu'un vieux journaliste revenu de tout lorsqu'elle reprit sa voiture pour se rendre à Spale. Elle conduisit vite, poussée par une vertueuse colère à l'égard de l'homme qu'elle se proposait d'interviewer. — On verra bien si tu oses me servir ce baratin sur la Rédemption ! fulminait-elle, à haute voix, comme si Thomas Rogers s'était trouvé devant elle. J'ai rencontré la fille que tu as trahie de façon si abominable ! Amelia n'avait pas imaginé le nombre de journalistes qui verraient dans ces retrouvailles entre un assassin et sa ville fantôme un sujet particulièrement accrocheur. En arrivant à Spale, elle trouva, pour employer l'un de ces clichés qu'on lui avait appris à éviter, un véritable «cirque médiatique». Mais une seule personne manquait à l'appel au milieu de cette armada de cars de reportage et de voitures de location : Tom Rogers, l'ex-détenu lui-même. — Il est arrivé, dit un reporter de Newsweek à Amelia, en s'appuyant sur sa voiture. On en est sûrs, puisqu'on l'a vu entrer là dedans. (Il montrait du doigt un magasin délabré dans ce qui avait été la rue principale.) Mais il a sans doute filé par derrière. Peut-être qu'une voiture l'y attendait, je ne sais pas... On y est allés voir, et il n'y a plus personne. On va tout remballer et rentrer chez nous. Il finira bien par réapparaître quelque part. Mais qui s'intéressera encore à cette histoire ? Ça ne vaudra plus une ligne. Des assassins, il y en a plein les rues, de nos jours. Tandis qu'un assassin qui vit en solitaire dans sa ville fantôme, ça, on aurait pu en faire quelque chose, bon sang ! Tu ne connaîtrais pas un endroit correct où déjeuner, dans le coin ? Elle ne lui parla pas de l'Auberge Serengheti. Et elle ne lui dit pas non plus où se trouvait probablement Thomas Rogers, bien qu'elle en fût à peu près certaine : dans les anciennes galeries abandon-nées sous la ville. Là où il avait jeté le corps de sa jeune femme. Et où il disposait d'une cachette idéale pour le reste de son existence, si tel était son souhait. Quant à elle, il n'était pas question qu'elle descende sous terre, dans le noir, à la recherche d'un homme qui avait déjà tué au moins une femme. Pas question. — Non, dit-elle à son patron, qu'elle appela dès son retour à l'Auberge. Je regrette, Dan, mais je ne ferai pas ça. Ce serait stupide et dangereux d'aller là-bas toute seule. Elle fut étonnée de s'entendre parler avec un tel calme, comme si elle avait été soulagée à l'idée de se faire renvoyer. Elle pourrait enfin s'avouer, et avouer au reste du monde, qu'elle n'était pas née pour être journaliste. Elle n'avait pas la moindre idée du métier qu'elle trouverait quand elle n'aurait plus ni travail ni salaire, mais elle savait désormais que ce ne serait pas celui-là. (à suivre...)
