Désavantage n Certains chefs d'entreprise estiment que l'accord d'association signé avec l'Union européenne ne favorise pas l'Algérie dans la conjoncture actuelle. Les textes de l'accord sont entrés en vigueur officiellement en 2005. Et même si, sur le plan politique surtout, ces accords représentent des atouts pour l'Algérie en lui permettant de sortir de «l'isolement et de l'embargo moral et politique» dont elle a souffert une décennie durant, sur le plan économique, cela ne semble pas être le cas. Les opérateurs, en tout cas, continuent encore d'alimenter la polémique sur ses retombées réelles. Le patron de Cevital, par exemple, a exprimé son souhait de voir l'accord d'association «rééquilibré» et «révisé» sur de nombreux points. Cette révision devrait se faire, d'ailleurs, cinq ans après l'entrée en vigueur de l'accord, c'est-à-dire à partir de 2010. Pour Réda Hamiani, la signature de l'accord à cette époque-là était dictée par la conjoncture politique d'alors puisque l'Algérie en avait grandement besoin pour sortir de l'engrenage de l'isolement international. Dans un tel contexte, il est clair que le pays le plus développé économiquement en tirera profit et engrangera les bénéfices. De ce fait, notre pays ne représente rien d'autre pour les Européens qu'un «marché pour écouler leurs produits». Chiffres à l'appui, Issad Rebrab donne un exemple qui illustre parfaitement la situation. «A partir de 2009, grâce aux investissements consentis, l'Algérie deviendra exportatrice de sucre et l'Europe importatrice. Mais en vertu des accords signés, l'Algérie n'a pas le droit de mettre un kilogramme de ce produit sur le marché européen. En revanche, l'Europe a le droit de vendre à l'Algérie 150 000 tonnes de sucre annuellement.» Pour la pomme de terre, c'est presque le même constat. L'Europe a accordé à l'Algérie la possibilité d'exporter uniquement 5 000 tonnes de pommes de terre vers l'Europe dans la période allant de janvier à mars. Ce qui est désavantageux pour notre pays qui, selon les estimations de M. Rebrab, deviendra, à partir de 2010, excédentaire en semence de pomme de terre, donc potentiellement exportateur de ce produit. En évoquant ces accords, les opérateurs voudraient qu'il y ait une réciprocité dans les échanges entre l'Algérie et les pays européens. L'Europe doit traiter d'égal à égal son partenaire en lui offrant des possibilités d'exporter plus de produits. Ce qui ne semble pas être le cas pour le moment, estiment les opérateurs économiques. «Au terme de ces accords, l'exportation vers l'Europe relève de l'impossible. Espérer, aujourd'hui, gagner des parts de marché à l'étranger avec toutes ces entraves et ces limitations de quotas, relève presque de l'utopie pour les entreprises», affirment-ils. Mais cette limitation des quotas pour les produits algériens destinés à la vente sur le marché européen n'est-elle pas objective et n'est-elle pas liée au non-respect des normes universelles de qualité ? «Certes, plusieurs de nos entreprises doivent se mettre à niveau pour espérer exporter vers l'Europe. Mais il faut savoir qu'après certains refus signifiés à nos produits sous prétexte qu'ils ne sont pas fiables, nous avons effectué des tests de fiabilité de ces produits et nous avons constaté qu'ils ne présentent aucun problème de normes», tient à rectifier M. Hamiani. Les Européens continuent, donc, à défendre leurs entreprises avant tout et, même s'ils ne le reconnaissent pas ouvertement, rechignent à ouvrir leur marché aux produits des pays du Sud.