Evolution n Pour communiquer, les nomades, à l'image des Touareg par exemple, sont passés du «bouche à oreille» (l'oralité) à l'utilisation de moyens de communication de haute technologie. Chez les Touareg N'aâdjer, la communication, via téléphone et Internet, est de plus en plus importante dans les relations entre individus, selon notre constat sur les lieux, notamment dans la ville de Djanet ou le village de Ifri où nous avons vu lors de notre passage dans des taxiphones et des points de vente, que le contact est maintenu en permanence. «Le téléphone portable a permis de rapprocher les individus, notamment les nomades et ceux qui habitent dans les zones les plus reculées ou hors de nos frontières», souligne Aïcha, cadre au parc national du Tassili. Le téléphone, nous dit-elle, a permis le désenclavement des familles qui ne sont plus contraintes aux longs trajets et aux fréquents déplacements de longue durée. Ainsi donc, le téléphone mobile n'est plus une mode, mais une nécessité pour eux. «Ma sœur aînée, diplômée universitaire, a beaucoup souffert de solitude lors de ses études dans les années 1990 à Alger, à plus de 2 200 km loin de sa famille. Elle ne pouvait rentrer chez nous à Djanet qu'une fois par an. Durant son cursus universitaire, nous n'avions aucun moyen de contact avec elle, hormis le courrier postal qui prenait beaucoup de temps pour arriver à destination. Ma mère était constamment inquiète à son sujet. Mais maintenant le téléphone mobile a comblé ce grand vide et tranquillisé les esprits», nous dit un jeune rencontré devant le musée de Djanet. «A présent nous pouvons au moins dire : ‘'Maydjane, matoulame, madyoufou ou djoudhime (bonjour ou salut ou salam alikoum) à nos proches et à nos amis et demander de leurs nouvelles», reprend son ami. Par ailleurs, la connexion Internet a également permis à l'homme Bleu, la communication facile, rapide et peu coûteuse sur la Toile avec d'autres personnes à l'échelle universelle, sous d'autres cieux. Lui qui vivait en reclus, sous sa propre tente quelque part dans le désert. Les agences de voyages ont pu également attirer des touristes nationaux et étrangers par de simples petits messages e-mails. «C'est grâce à un petit e-mail que je peux facilement communiquer avec mes clients notamment les étrangers. Les 3 opérateurs de téléphonie mobile nous ont également permis de communiquer aisément et sans aucune contrainte, c'est merveilleux» se félicite Touki Osmane, gérant de l'agence touristique Youf Asouadh. Et d'ajouter : «Par un simple clic, et nous voilà en Europe ! Maintenant Djanet est au même niveau que les autres régions du pays en matière de télécommunications. Auparavant, nous étions coupés du monde.» Au cybercafé de la maison de jeunes de Djanet, un jeune est désolé de voir que la connexion est coupée. «J'ai des amis partout et je chatte avec des étrangers pour les inciter à venir visiter Djanet dont ils entendent parler. Eh bien sûr, à mon tour, j'irai chez eux. L'Internet est une bouffée d'oxygène pour nous les jeunes de Djanet», conclut-il. n Hamid, âgé de 19 ans, est actuellement stagiaire dans un Centre de formation professionnelle. Il remplace de temps à autre son père chauffeur, lors des circuits organisés au profit des touristes à Djanet. «Quand je me déplace hors de Djanet, je prends, par précaution, le téléphone de mon père qui est abonné à l'opérateur Thouraya pour rester en contact avec ma famille et d'autres chauffeurs, surtout quand je suis seul, car un débutant risque facilement de se perdre au milieu du désert.» Les autres 4x4 avec lesquels nous étions ont disparu, comment allons-nous faire ? lui avons-nous demandé. «C'est simple» Et de nous expliquer comment retrouver son chemin. «Je suis la direction du soleil qui me permet de me positionner et de trouver les 4 points cardinaux», nous a-t-il calmement répondu. Puis de demander à Azizi – un des meilleurs chauffeurs de 4X4 que nous avons eu l'occasion de côtoyer durant notre séjour à Djanet – comment il pouvait, se retrouver au milieu de ce nul part. Avez-vous un GPS ? Et de nous répondre : «Le GPS est... ici» tout en pointant son doigt vers sa tête, ce qui signifie que le Targui utilise surtout sa tête.
