L'innovation est la clé de la réussite de toute entreprise. Elle assure performance et compétitivité. En Algérie cet aspect est relégué au second plan et rares sont les entreprises qui se dotent de laboratoire de recherche ou d'une direction de la recherche pour aller vers des processus innovants qui permettent un meilleur développement de l'entreprise. De grandes sociétés ont démontré pourtant l'importance d'aller dans ce sens et il est plus judicieux pour les autres de suivre ce chemin pour espérer grandir et acquérir des parts de marchés et surtout aller à l'international. Le Salon de l'innovation qui s'est déroulé la semaine dernière au Palais des expositions, aux Pins maritimes, qui a réuni des entreprises innovantes et même des inventeurs, a permis de confronter les expériences et de faire connaître des produits fabriqués localement grâce au génie d'Algériens qui ont pris sur eux de se lancer et de montrer que l'Algérie et ses enfants sont capables de relever les défis et de monter des entreprises locales capables de se substituer à l'importation. C'est le cas de l'entreprise Meditool qui s'est lancée dans la fabrication de matériel géotechnique, tels des sondeuses, pénétromètres, carotteuses...Créée en 2005 sur fonds propres, le propriétaire de la marque, spécialisé dans le domaine du forage de l'eau, a eu l'idée de fabriquer localement ce genre de matériel que l'Algérie importe au prix fort. En plus de produire en Algérie ce matériel, l'entreprise a innové en transformant le pénétromètre le rendant beaucoup plus pratique alors que celui importé était trop lourd. D'ailleurs, Meditool a obtenu le prix de l'innovation en 2011 ce qui l'a encouragé à aller de l'avant. Une extension de l'entreprise est prévue au niveau du terrain acquis à la zone industrielle de Batna. D'une petite unité qui fabrique actuellement une dizaine de pénétromètres, le propriétaire compte en faire une industrie à part entière et acquérir même des parts de marché à l'international. Les marchés visés sont surtout l'Afrique et le Moyen Orient. Et le marché Européen ? Le propriétaire de cette marque fait savoir qu'il est trop exigeant et nous voit plutôt comme un marché de consommation où est écoulée leur propre marchandise. Un autre producteur rencontré au Salon de l'innovation, a réussi à mettre sur le marché des scooters pour handicapés qui ont été accueillis favorablement. Grâce à un beau design et un bon rapport qualité prix, ce véhicule a attiré beaucoup de monde au stand de l'entreprise qui l'a fabriqué pour se renseigner sur les prix et même l'idée de le fabriquer. «Nous avons fait un travail de recherche et d'innovation pour créer ce modèle», nous a expliqué le fabricant. L'entreprise a été même contactée par l'Onaaph (Office national d'appareillage pour andicapés). Suite à un appel d'offres elle a réussi à arracher un marché de 2 000 véhicules par an et ce jusqu'à 2015. Une première quantité a été livrée en juin 2013 avant qu'«un problème ne survienne suite à l'interférence d'une entreprise publique qui a repris le marché de gré à gré», nous a appris le propriétaire de cette marque de scooters. Il arrive aussi que des étudiants innovent mais ne trouvent pas les encouragements et les moyens financiers nécessaires pour mettre en œuvre leurs idées qui, souvent, restent dans des tiroirs. Il convient alors aux industriels de se rapprocher du monde universitaire et à l'université de se rapprocher du monde du travail en établissant des passerelles pour mieux prendre en charge toutes les idées qui foisonnent et les travaux de recherches innovants. Mais même si cette difficulté de rapprochement de l'université du monde du travail est prise en charge, il reste le problème récurrent de l'absence de terrain aussi pour mettre en œuvre les projets et en faire bénéficier l'économie nationale. Car beaucoup de projets innovants attendent justement de trouver une assiette de terrain pour se concrétiser, du moins apprend-on des exposants rencontrés au Salon de l'innovation. Accompagnement des PME innovantes Ceci étant, des efforts sont consentis par l'Etat, qui a mis en place un certain nombre de mécanismes et de mesures pour accompagner les PME. Toujours au niveau du Salon de l'innovation, beaucoup de stands ont été mis en place pour rapprocher les inventeurs et les porteurs d'idées innovantes. A titre d'exemple, le Centre de facilitation des PME de la wilaya de Bordj Bou Arréridj qui a ouvert un stand pour accueillir et orienter les porteurs de projets. C'est d'ailleurs sa mission d'assister ces porteurs de projets qu'ils soient encore au stade de l'idée, de l'extension ou de la mise à niveau. Ce centre, dupliqué à travers plusieurs wilayas du pays, accompagne aussi pour les études technico-économiques, l'obtention de terrains dans les zones industrielles ou les zones d'activités. Il aide aussi pour l'établissement du plan d'affaires (business plan) et l'obtention du crédit. Même l'Inapi (Institut national de la propriété industrielle) était présent à ce rendez-vous, pour orienter les porteurs de projets. Ceux qui ont eu recours à cet institut nous ont fait savoir que les démarches prennent beaucoup de temps avant d'obtenir le brevet afin de protéger le produit. Ceci étant, les entreprises algériennes doivent de se mettre au diapason de ce qui se fait de par le monde en matière d'innovation. Des participants qui ont pris part à une rencontre, récemment, sur l'innovation et la réussite entrepreneuriale, ont mis en avant «l'impératif d'élaborer une feuille de route ou une stratégie nationale basée sur la concertation et plaçant l'entreprise au cœur de toute initiative pour son développement». Le chef de la division innovation au ministère du Développement industriel et de la Promotion de l'investissement, M. Mohammed Hanneche, a estimé que «l'élaboration de cette stratégie exigeait la participation de l'ensemble des secteurs notamment les ministères à vocation économique et celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique». Selon lui, le développement de l'innovation passe par l'émergence d'une industrie nationale productive et un déclin des importations. Il rappellera, à l'occasion, les efforts consentis par l'Etat pour développer l'innovation en Algérie, depuis le début des années 2000, à travers l'institution d'un «Prix national de l'innovation», d'une «Journée nationale de l'innovation» ainsi que l'aménagement de Cyber parcs et de villes intelligentes à l'image de celle de Sidi Abdellah à Alger. L'innovation est l'affaire de tous. B. A.
