La concertation sur le projet de révision de la Constitution se poursuit pour la deuxième semaine consécutive, sous la présidence du ministre d'Etat, conseiller à la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, qui a reçu, durant la première semaine du mois de juin, 22 personnalités nationales, partis politiques et associations dans le cadre du projet de révision de la Constitution. M. Ouyahia s'est, entre autres, entretenu sur ce même dossier avec Réda Malek, ancien membre du Haut comité d'Etat et ancien Chef du gouvernement, et Lakhdar Brahimi, ancien ministre des Affaires étrangères. Répondant à l'invitation qui lui a été adressée, à son tour, la présidente du Croissant-Rouge algérien (CRA), Saïda Benhabyles, a déclaré, hier à l'issue de sa rencontre avec M. Ouyahia, avoir exprimé son approbation à tous les articles du projet de la révision de la Constitution, notamment ceux consacrant les droits de l'Homme et la protection de la dignité humaine, soulignant dans ce cadre la nécessité de la constitutionnalisation des droits de l'enfant, en vertu des conventions internationales ratifiées par l'Algérie en décembre 1992. Mme Benhabyles dira, en outre, avoir axé également ses propositions sur la constitutionnalisation de l'obligation de la protection des personnes âgées par l'Etat et la famille pour que cette frange de la société puisse vivre dans «la dignité». La présidente du CRA a loué la présence d'un article dans le projet de révision de la Constitution qui donne le droit aux personnes en état de garde à vue de contacter un de leurs parents, soulignant la nécessité de l'élargir à l'avocat de la personne concernée, pour consacrer davantage les libertés fondamentales du citoyen. Pour sa part, le président de la Cellule d'assistance judiciaire pour l'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, Merouane Azzi, s'est «félicité», samedi à Alger, du projet de «constitutionnaliser les mesures administratives et judiciaires de la réconciliation nationale» dans le prochain texte fondamental du pays, arguant qu'«il ne s'agit pas de constitutionnaliser la réconciliation nationale, mais plutôt les idées, le concept et la philosophie du projet, afin que la triste expérience de la décennie noire ne se reproduise plus». Lors d'une conférence-débat à Alger, il a dit avoir fait une proposition dans ce sens «afin que la réconciliation nationale soit intégrée dans la Constitution», en faisant observer que la réconciliation nationale menée par l'Algérie demeure un «exemple dont plusieurs pays veulent s'inspirer». M. Azzi a notamment cité le Mali, l'Irak, la Libye et la Tunisie, qui ont saisi l'Algérie par voie diplomatique afin d'appliquer le modèle algérien. En plaidant pour une «réconciliation nationale globale et élargie», il a fait état de nouvelles mesures qui seront annoncées par le gouvernement dans les prochaines semaines et viendront en complément aux dernières mesures prises par l'Etat. Il a cité notamment l'indemnisation des femmes violées durant la période du terrorisme ainsi que la levée de l'interdiction de sortie du territoire national au profit de certaines personnes, dans le cadre du parachèvement du processus de réconciliation nationale. Pour M. Azzi, la réconciliation nationale doit s'étendre à d'autres catégories, telles que les détenus du Sud, les enfants nés dans le maquis et les éléments des groupes de légitime défense. Pour sa part, le secrétaire général de l'ANR, Belkacem Sahli, a indiqué que son parti avait approuvé 30 projets d'amendement, revendiqué l'enrichissement de 15 autres et émis des réserves à propos de deux propositions relatives au mandat présidentiel et au nomadisme politique. Dans une conférence de presse samedi, M. Sahli a expliqué que les deux réserves émises par le parti, notamment la limitation des mandats présidentiels à deux, sont dictées par la conviction que «la limitation des mandats ne constitue pas en soi un critère de démocratie» et le nomadisme politique «exigeait une loi organique qui fixe les conditions d'élection des parlementaires et qui définisse le concept d'immunité parlementaire». Il a indiqué avoir fait part à son interlocuteur de ses positions concernant la mise à profit des résultats des consultations précédentes sur la révision constitutionnelle et l'élargissement du débat aux citoyens à travers les conférences et les médias. Dans ce sillage, Tadjamoue Amal El Djazaïr (TAJ), poursuit actuellement des «contacts officieux» avec certains partis politiques ayant exprimé leur refus de prendre part aux consultations sur l'amendement de la Constitution pour les faire revenir sur leur décision. «Nous œuvrons à réunir toutes les énergies vives du pays pour une contribution effective dans l'élaboration d'une Constitution consensuelle, qui soit en premier lieu au service du citoyen et de la patrie», a révélé, samedi à Tipasa, le président de ce parti, Amar Ghoul, dans une déclaration à l'issue des travaux du conseil national du parti vendredi à Tipasa. Le premier responsable de ce parti a mis l'accent sur la nécessité de consolider les constantes de la nation pour «asseoir davantage la cohésion au sein de la société et de faire de la réconciliation nationale un outil privilégié pour dépasser les situations conflictuelles», tout en œuvrant à la «promotion des libertés et des droits de l'Homme, ainsi que pour l'avènement d'une Algérie forte et diversifiée», a-t-il dit. 150 invitations à des consultations sur le projet de révision de la Constitution ont été adressées par la présidence de la République, rappelle-t-on. Elles ont reçu des réponses favorables de la part de 30 personnalités sur 36 destinataires, 52 partis politiques sur 64 invités, et toutes les organisations et associations nationales destinataires d'une invitation et les 12 professeurs d'université sollicités. R. I.