L'Algérie serait prioritaire dans la stratégie touristique développée par le pays frère qu'est la Tunisie ? Une lapalissade en somme pour tous ceux qui savent qu'à chaque fin de mois de Ramadhan, ces mêmes Algériens du nord au sud et de l'est à l'ouest du pays piaffent d'impatience dans les starting-blocks pour profiter d'une délivrance aussi bien primaire qui consiste tout simplement à passer des vacances normales, autrement dit sur des plages propres où il est quasi certain de ne pas tomber dans le meilleur des cas sur des pelures de pastèques et melon et dans le pire sur un tesson de bouteille. La directrice de l'Ontt n'avait nullement besoin d'une opération de charme pour drainer le maximum de touristes algériens dans son pays. Ces derniers n'ont pas besoin d'être invités sachant que c'est d'autorité qu'ils s'invitent. Mais il serait utile de souligner que le touriste algérien est un flambeur. Sur son argent il n'est guère regardant contrairement aux autres centaines de visiteurs, notamment des pays de l'Est lesquels, légitimement sans doute gardent toutefois leur lucidité et n'hésitent pas à négocier très âprement tout achat après avoir fait déjà le choix de négocier le déplacement lui-même via la multitude de voyagistes low-coast aux très peu de scrupules dès qu'il s'agit de prendre la partie d'un marché devenu peu attractif ou sinon limité à quelques zones géographiques du monde seulement compte tenu de l'instabilité sociale et sécuritaire des plus réputées d'entre les destinations. Et c'est d'ailleurs dans cette optique qu'il faudrait apprécier, voire soupeser l'intérêt de l'Office national du tourisme tunisien à l'endroit des vacanciers algériens car, exception faite des touristes de l'Europe de l'Est très moins enclins au catastrophisme que ceux de l'Ouest, depuis environ deux années c'est littéralement la disette à hauteur des établissements hôteliers tunisiens d'autant plus que leurs prix ont considérablement augmenté en raison justement et surtout histoire de se rattraper face à la raréfaction de la demande. Quoiqu'il en soit, l'évasion massive que va connaître l'Algérie au lendemain du mois de Ramadhan a pour particularité d'apporter encore plus de pression sur la plaie, une plaie qui se résume d'abord, quoiqu'elle ne pèse que roupie de sansonnet sur l'ensemble de la balance budgétaire du pays, en une hémorragie de devises, mais beaucoup plus par le cinglant rejet d'une grande partie des Algériens de consommer leurs vacances chez eux. Avant la cause, la réalité d'abord. Le littoral en Algérie est nettement plus important que celui tunisien, mais cela n'est évidemment pas suffisant quand celui-ci est tristement glabre pour sa quasi-totalité et si tant est qu'il existerait des infrastructures pour ce faire, elles sont loin d'être fonctionnelles pour des raisons très superficielles, mais pourtant très importantes si ce n'est essentielles dans les normes du secteur du tourisme : la qualité de ces infrastructures, mais aussi et surtout celle (qualité) de la prestation. Les Tunisiens qui en vivent, depuis très longtemps, ont compris tout cela, et ce, où qu'ils se situent à hauteur des strates sociales, administratives, politiques.... La révolution qu'ils ont initiée, il y a quelques années, a bien entendu quelque peu ébranlé la solidité de l'architecture du tourisme de leur pays, mais à partir du moment où ils en vivent, celle-ci a été vite préservée après les premiers vacillements. Ceci étant, l'émissaire tunisienne en l'occurrence Wahida Jalet, engage à l'endroit du marché algérien le secteur qu'elle représente à plus de performances et plus de qualité dans les prestations. D'ailleurs le plus gros inconfort que vivent les Algériens se présentant aux postes frontières avec le pays voisin, c'est encore et malheureusement toujours l'attitude vexatoire des institutions policières et douanières.... algériennes. C'est dire. Dans l'une de ses affiches publicitaires, l'Office national du tourisme algérien en évoquant la beauté des paysages notamment du Grand Sud parle de «pays de... contrastes», contradictions auraient été plus indiquées. A. L.
