Il n'est pas aisé pour les ménages, notamment ceux aux faibles revenus, de gérer leur budget quand ils sont obligés de faire face de manière successive à de grosses dépenses. Le Ramadhan et l'Aïd, qui ont mis le porte-monnaie à rude épreuve -certaines familles se retrouvent même avec des dettes- à peine passés qu'un autre évènement «dépensier» s'annonce. Dans quelques semaines, ce sera la rentrée scolaire, une autre épreuve pour les ménages. Depuis quelques années l'enchaînement de ces trois événements constitue un véritable casse-tête pour les familles algériennes qui ne savent plus à quel saint se vouer. Et pourtant malgré cela, les familles ont tendance à trop dépenser durant cette période, souvent pour des produits qui ne sont pas forcément nécessaires. Les prix de différents produits sont certes exorbitants mais d'un autre côté les achats battent leur plein. Particulièrement durant cette période de l'année, les Algériens ont tendance à acheter presque tout ce qui tombe sous leurs yeux sans avoir un peu de retenue ou un self-control. Certains estiment que la consommation est devenue l'occupation favorite des Algériens. Les dépenses globales annuelles des ménages algériens ont presque triplé durant la dernière décennie, passant de plus de 1 500 milliards (mds) DA en 2000 à près de 4 490 mds DA en 2011, révèle une enquête de l'Office national des statistiques (ONS). Les dépenses pour les produits alimentaires arrivent en tête avec 40% du nombre total des dépenses. La téléphonie mobile et les dépenses pour les produits Hi Tech ont aussi la part du lion dans les dépenses. Le boom en matière de produits électroniques que connaît le marché algérien a fait que les citoyens se précipitent pour se procurer le dernier Smartphone, le plus sophistiqué des ordinateurs et écran téléviseur. Ce boom technologique a complètement changé les habitudes des consommateurs algériens. Les ménages consacrent près de 20,4% pour le logement et charges, 12% pour les frais de transport et communications et 8% pour l'habillement et chaussures de leur dépense annuelle globale. Les chiffres cités plus haut montrent que le citoyen dépense aujourd'hui beaucoup plus qu'avant, certains estiment que cela est dû à l'amélioration des conditions de vie des Algériens par rapport aux années précédentes et la progression et la métamorphose du marché. Notre société est devenue une société de consommation où tout se vend et tout s'achète. La hausse des prix de différents produits durant le Ramadhan et celui des vêtements durant l'Aïd n'a pas finalement ralenti d'acheter à tout va, une véritable frénésie. La fièvre acheteuse s'est emparée de tous, ces dernières années, surtout avec l'ouverture des grandes surfaces et de grands centres commerciaux qui sont devenus les destinations préférées des citoyens. Cette fièvre acheteuse a aussi été renforcée par l'afflux sur le marché algérien de produits venus d'Asie plus particulièrement de Chine, produits présentés à des prix raisonnables pour les citoyens. Durant la décennie noire, les Algériens étaient privés de presque tout, même parfois des produits les plus essentiels. La paix et le calme revenus dans le pays, ils (les Algériens) commencent peu à peu à revivre, à découvrir un nouveau mode de vie et à s'offrir des produits qui étaient perçus comme un luxe il y a quelques années. Consommer en achetant différents produits est devenu une source de bien être pour les citoyens. Certains vont jusqu'à dire qu'il suffit qu'un produit soit demandé pour qu'il y ait un véritable rush pour l'acquérir. D'ailleurs, des économistes estiment que cette propension à acheter est la cause principale de la hausse des prix des produits qui, du reste, ne découragent pas les citoyens qui continuent à affluer en masse devant différents magasins. Le mode de consommation des citoyens a complètement changé ces dernières années. Il y a aussi l'impact de la télévison et les spots publicitaires sur la famille algérienne. Il existe de plus en plus de spots publicitaires présentant et vantant toutes sortes de produits. Peut-on pour autant aller jusqu'à dire que les Algériens sont devenus des «shopping victimes» ? Les produits ne manquent pas, les marchés informels ont également encouragé la frénésie des citoyens. Les vendeurs informels présents partout et offrant des produits à des prix du moins raisonnables encouragent en effet l'augmentation de la consommation. Les Algériens sont appelés à adopter un mode et un comportement de consommation rationnels. Pas uniquement durant certaines occasions (fêtes religieuses et autres) mais aussi adopter un comportement rationnel tout au long de l'année. Chaque année, on annonce des chiffres quant au gaspillage qui font froid dans le dos. Par exemple, ce sont 10 millions de baguettes de pain jetées durant le Ramadhan 2013. L'Union nationale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) a donné des détails alarmants : sur les 4,1 milliards de baguettes de pain consommées pendant le Ramadhan, 120 millions partent à la poubelle. 12 millions des 150 millions de litres de lait achetés durant le mois sacré sont jetés. Ainsi, les consommateurs jettent 500 000 quintaux de légumes sur les 10 millions de quintaux achetés pendant la période du jeûne. L'absence d'une culture de consommation est à l'origine d'une hausse de 20% des produits alimentaires à large consommation. Et ce uniquement durant le mois sacré où le gaspillage bat son plein. Le citoyen est appelé à prendre conscience quant à cette frénésie liée à la consommation et au gaspillage. A. K.