S'il existe un engagement électoral pris par le président de la République et auquel ne pourrait être fait aucun reproche quant à sa matérialisation dans les faits, c'est sans nul doute celui qui a consisté à donner à la femme algérienne, malgré bien des résistances, des pesanteurs sociales et sur la même question la frilosité des religieux, les mêmes droits que l'homme. Bien entendu, toujours sur la question, l'Algérie reste bien loin à titre d'exemple du voisin tunisien et évidemment à des années lumières de tout pays de l'Occident, mais le bond réalisé en ce sens au cours des quinze dernières années est phénoménal. N'en déplaise à ceux qui obtempèrent au consensus général les doigts sur la couture du pantalon à une mesure somme toute ordinaire tout en entretenant à titre privé un discours hypocrite, misogyne et rétrograde. Abdelaziz Bouteflika confirme cet engagement dans son adresse au Congrès international féminin rappelant ainsi que l'Algérie s'est employée depuis plusieurs années «...à asseoir les bases pour la réalisation de l'égalité entre la femme et l'homme». Effectivement au cours de la dernière décennie, la société des hommes s'est décomplexée, à son corps défendant certes et d'ailleurs pouvait-il en être autrement dans un univers ne suintant pourtant la masculinité à outrance que depuis le début des années 1990 tant est-il vrai que cette période a marqué une nette et inquiétante rétrocession des droits de la femme au profit non plus de l'homme seulement, mais d'une société étrangement consensuelle face à un phénomène d'évolution vers le...passé. En insistant sur le fait que la femme algérienne est «...à l'école, l'université, dans les usines, les champs et les établissements civils et militaires, au Parlement ou au sein du corps judiciaire ou diplomatique» le chef de l'Etat confirme superbement que les choses n'ont pas changé en réponse à des exigences exogènes imposées, mais plutôt d'un retour normal à la nature même du peuple algérien qu'avatars de l'Histoire des illuminés ont voulu en vain domestiquer. À l'école, à l'université, dans les champs, la femme l'a été au lendemain de l'indépendance alors que le pays se reconstruisait et renaissait de ses cendres. Est-il besoin de le rappeler. Mais comme toute chose dont la face est cachée, les droits de la femme dans toute leur dimension continuent de souffrir de résistances que seules des concessions qui tiennent compte de la réalité immédiate, de la présence de forces contraires opposées à toute forme d'émancipation de la femme et bien entendu du rapport de forces imposé permettraient avec le temps de les dépasser et surtout de les éradiquer de manière définitive. Faudrait-il pour autant que la femme elle-même prenne ses responsabilités, s'assume et s'impose dans une société implacable. Ce qui n'est hélas pas le cas comme en témoigne le phénomène de la violence qu'elle subit quotidiennement qu'il s'agisse d'agression physique, toutes natures confondues, de harcèlement moral, professionnel, sexuel, des pressions de la famille dans une union forcée ou de sa résiliation, du regard inquisiteur des voisins, des gens à l'extérieur. Face à toutes ses dérives, rares sont les femmes qui se révoltent par rapport aux jugements arbitraires de leurs proches, du peu de considération ou sinon de la légèreté accordée à leur détresse par ceux qui sont censés les défendre au cas où elles engagent une procédure administrative en ce sens. Plus grave encore, tout constat en ce sens n'est pas exclusif à une population de femmes bien déterminées et arbitrairement désignées comme celles qui n'ont pas eu d'instruction, de femmes d'extraction modeste, rurales, mais désormais commun à l'ensemble de la population féminine. D'où la nécessité de la société civile, de ses associations de se pencher sérieusement sur le phénomène en allant à la source même. L'Etat et plus particulièrement le chef de la République a instruit, ordonné les gouvernements à mettre en place l'arsenal juridique pour la protection de la femme, la préservation de ses droits et de ceux de ses enfants. Que peut-il être fait de plus ? A. L.