Concrètement, pour les subventions, le ministre a assuré qu'elles «vont continuer, mais il va falloir les cibler dans les années à venir». En ce sens qu'elles passeront progressivement «des transferts généralisés vers des transferts ciblés». «Le lait, le sucre et l'huile ...qui sont actuellement à 50% de leurs prix vont aller à un niveau plus élevé et les gens qui ont moins de 40 000 DA ou 50 000 DA ou un autre seuil à déterminer vont recevoir un deuxième salaire», a déclaré le ministre pour qui la révision «se fera avec une progressivité très forte». Benkhalfa justifie cette démarche pour la situation financière du pays intenable dans le schéma actuel. «Dire la vérité c'est de dire que nous pouvons plus vivre dans le même confort dans la même improductivité où nous étions», a-t-il argumenté. Il relève aussi que l'économie est caractérisée par «une faible productivité, trop de gaspillage, de la contrebande qui prend nos produits et une mobilisation très faible». D'où la nécessité, a-t-il justifié, de passer vers une économie émergente en mobilisant «toutes les ressources qui sont disponibles en dehors des banques et révisant très faiblement certains tarifs». Sur ce dernier point qui a, d'ailleurs, provoqué le mécontentement des députés lors du débat du projet de loi de Finances à l'APN, le ministre a assuré que les augmentations de prix des carburants sont nécessaires, mais épargnerons certaines activités dont l'agriculture et la pêche. La hausse des tarifs de l'électricité, «dopée actuellement à 60%», ne touchera pas aussi, selon ses dires, quelque 9 millions d'Algériens qui consomment peu. Cette orientation prônée par le gouvernement comprend aussi l'ouverture du capital des entreprises publiques à l'actionnariat national résident. Le ministre défend aussi cette disposition contenue dans l'article 66 et décriée par l'ensemble de l'opposition au Parlement. Il soulignera, sur ce point, qu'il s'agira d'une mesure qui permettra de moderniser et renforcer la capitalisation de ces entreprises. L'autre objectif assigné à cette disposition a trait à la collecte de l'argent circulant encore en dehors des circuits bancaires. «Il faut que l'argent du pays sort des sacs et aille dans les investissements à travers les entreprises publiques», a encore soutenu le ministre pour qui cette ouverture se fera au cas par cas. Il expliquera que l'ouverture du capital d'une entreprise publique devra respecter un certains nombres de pré-requis dont l'obtention de l'aval du Conseil des participations de l'Etat (CPE) et la possession d'argumentaires valables et d'instruments juridiques protégeant l'emploi et les filières concernées. Il assure aussi qu'elle «n'est pas destinée aux étrangers, mais elle profite uniquement aux investisseurs locaux et aux gens possédant de l'argent qui dort». Autre pomme de discorde contenue dans le projet de loi de Finances 2016, l'article 71 qui donne autorité au ministre des Finances de modifier le budget en cours d'année. Pour Benkhalfa, la disposition a été entourée de « beaucoup d'incompréhension». Explications : pour le ministre il s'agit un redéploiement de ressources d'un projet non nécessaire à un projet nécessaire, d'un projet complémentaire à projet qui a une charge sociale. Il explique aussi qu'à travers cette disposition «au lieu de faire 10 projets et les laisser à 50% nous préférons en réaliser 5 et les terminer». Mais, «ce redéploiement se fera, selon le ministre, par des décrets après approbation du chef de l'Etat». Enfin, pour Benkhalfa cette disposition «n'est pas une flexibilité, mais une gestion active et vigilante qui se fait dans tous les pays y compris les petits». S. B.