Aïcha Tagabou, la ministre-déléguée chargée de l'Artisanat, ne cesse de multiplier les tournées pour promouvoir les produits du terroir. De salon en salon, d'une région à l'autre, elle sillonne le pays et essaye de persuader les artisans à ne pas lâcher prise, car, selon son département, le créneau reste une valeur sûre pour l'économie du pays. Ce qui est plus que compréhensible dans la mesure où les pouvoirs publics, face à l'effritement des rentes pétrolières, tentent d'exploiter la moindre niche susceptible de produire de la richesse. Aïcha Tagabou, la ministre-déléguée chargée de l'Artisanat, ne cesse de multiplier les tournées pour promouvoir les produits du terroir. De salon en salon, d'une région à l'autre, elle sillonne le pays et essaye de persuader les artisans à ne pas lâcher prise, car, selon son département, le créneau reste une valeur sûre pour l'économie du pays. Ce qui est plus que compréhensible dans la mesure où les pouvoirs publics, face à l'effritement des rentes pétrolières, tentent d'exploiter la moindre niche susceptible de produire de la richesse. Les divers ateliers de dinanderie, poterie, sellerie, vannerie, tissage… en sont une. Mais le pari de leur exploitation optimale n'est pas encore gagné. La plupart des professionnels à Constantine ou ailleurs peinent à écouler leurs produits faute d'un espace commercial adéquat et, surtout, de chalands. Millénaire, rompue à l'exercice d'artisanat, la ville du Vieux rocher devait avoir surpassé cette problématique à laquelle les quelque 10 000 artisans activant dans les 12 municipalités sont en bute. Les changements opérés à la tête des offices en charge n'ont rien apporté de nouveau si ce n'est des salons conjoncturels voués au métier lesquels s'éteignent au dernier passage des officiels. La Chambre des arts et des métiers (CAM) de wilaya forme chaque année de jeunes qualifiés qui une fois sur terrain ils reviennent à l'évidence. Où exposer les articles confectionnés ? Et la seconde préoccupation demeure attachée à l'inexistence d'acquéreurs potentiels. Des visiteurs nationaux ou étrangers se manifestent rarement dans une cité souffrant de son incapacité à asseoir une stratégie de tourisme apte à fructifier son terroir. Le hall de la salle du Zénith qui accueille périodiquement des semaines culturelles des wilayas dans le cadre de la méga manifestation culturelle «Constantine, Capitale de la culture arabe 205» (CCCA-2015), en aura vu passer des artisans qui ont montré cette diversité d'œuvres que recèlent les régions, mais la dimension commerciale est restée vierge. Les différentes expositions se sont caractérisées par une faible affluence du public. «On n'a pas d'aires spécifiques appropriées pour exercer notre métier», déplorent des dinandiers de Constantine. A vrai dire, les expériences antérieures menées par les collectivités locales pour dégager un espace destiné à l'activité n'ont pas apporté l'effet escompté dès lors que les lieux ne répondaient pas aux critères et aspirations de la majorité des artisans. Et la énième promesse des décideurs de consacrer une superficie est dans le tuyau. Le village de l'artisanat à Zouaghi demeure une alternative pour aplanir la situation, avait estimé Mme Tagabou lors de son dernier passage à Constantine. Sur papier, le ministère étudie et tente de redresser le tourisme sous ses multiples facettes. Dans ce cadre, on accorde à l'artisanat de l'intérêt. Formations prodiguées aux jeunes, recyclages, enregistrement des artisans dans un fichier national… sont quelques-unes des initiatives visant la promotion de ce secteur. Mais, selon certains experts, ce paramètre d'espace de vente n'est pas le seul frein. Ils renvoient la faiblesse du secteur à un manque flagrant de touristes. «Sans les touristes, locaux et étrangers, l'artisanat ne parviendra pas à décoller», soutiennent-ils. «Il est nécessaire de revoir la copie de tourisme culturel via des réseaux et offices professionnels. C'est une condition préalable à l'essor et à l'équilibre de la profession», ajouteront-ils. Cirta dispose de tous les atouts pour attirer un nombre impressionnant de touristes, par ses vestiges et reliefs naturels, et par ce gisement de savoir-faire en matière de confection de produits artisanaux. Il reste à matérialiser ce deuxième paramètre qu'est le tourisme. Pour participer au PIB, comme le veulent les responsables, l'artisanat ne doit être valorisé occasionnellement, lors d'une journée ou d'un salon qui lui est dédié. Au contraire, on l'enfermant dans le conjoncturel et la promotion par le discours, il ne ferait que peser sur les caisses de l'Etat ! La véritable promotion de l'artisanat est un travail permanent et qui doit impliquer toutes les compétences et institutions concernées. L'artisanat se doit d'avoir un espace de vente, c'est une évidence, mais sans tourisme, culturel de préférence, les bijoux, les plateaux de cuivre, les tenues traditionnelles… continueront à embellir les vitrines, sans les quitter… jusqu'à quand !? N. H.