Le mois du monologue, organisé par le département Théâtre de la manifestation «Constantine capitale 2015 de la culture arabe», se poursuit sur la scène du théâtre régional de Constantine (TRC), avec de comédiens qui rivalisent de talent pour le plus grand bonheur du public constantinois. Ainsi, samedi passé, c'est l'humoriste, Mohamed Mihoubi, croquant à belles dents les petits travers et les drôles d'habitudes de la société, a fait rire aux larmes le public, avec son monologue «kawaliss» (coulisses) rapporte l'APS. Fidèle à sa réputation d'humoriste à l'humour caustique et au verbe corrosif, l'artiste a présenté des situations finement assaisonnées de grimaces, de mimiques et de cocasseries devant une assistance qui l'a vite adopté. Le comédien oranais a crié, virevolté, sauté, et gesticulé dans tous les sens pour décrire les coulisses d'une société, d'un métier donné et de moult comportements dont les auteurs ne mesurent pas toujours le côté risible. Débordant d'énergie, l'artiste évoque avec humour et autodérision la précarité du métier artistique, une profession qui «n'enrichit pas son homme et permet rarement à ceux qui l'exercent de sortir du lot». Dans une sorte de subtil réquisitoire, le comédien s'est attaqué à l'hypocrisie sociale où la sincérité et le mensonge se mélangent, déroutent, ce qui ne manque pas d'arracher des fou-rires dans une salle où le plaisir et la bonne humeur sont partagés. A l'issue de sa prestation, Mohamed Mihoubi a indiqué, à l'APS que qu' «écrit en 2007, reste toujours d'actualité et renvoie à des situations qui ne sont jamais des inventions». Mohamed Mihoubi n'a pas manqué d'inviter le public constantinois à son prochain spectacle, «B'sahtek ya m'ra !» (A ta santé, ô femme !), qui sera donné Le 8 mars prochain à l'occasion de la Journée internationale de la femme. Mercredi passé, c'est le monologue «El Assas», de Saber Ayeche, qui a démontré au public sur le ton de l'humour la preuve qu' «handicapé ne rime pas forcément avec coincé». Avec «El Assas» (l'agent de sécurité), Saber, artiste aux besoins spécifiques, aborde avec entrain et beaucoup d'humour, mais sans le moindre complexe, le Vécu souvent difficile des personnes souffrant d'un handicap. L'humoriste, avec un aplomb déconcertant, s'attaque dans son spectacle à un sujet hautement sensible, dépeint les situations quotidiennes liées au handicap, les stigmatisations et les clichés que véhiculent les «valides», réussissant à arracher des fou-rires tout au long du show. Dés le début du spectacle, Saber commence par s'interroger, comment peut-on désigner une personne handicapée à un poste d'agent de sécurité d'une entreprise. Ainsi, il relate le choc d'un voleur qui s'est aventuré un jour dans l'entreprise avant de se retrouver déconcerté puis totalement désarmé devant un agent de sécurité handicapé et finit par prendre la poudre d'escampette. L'humoriste, aborde également la précarité dans laquelle vit la catégorie des personnes aux besoins spécifiques et évoque la pension maigre et dérisoire que touche la majorité des personnes appartenant à cette frange de la société. Dans un discours tout en dérision, ironique à souhait, quelquefois caustique aussi, avec un brin de cynisme, le comédien assène les vérités grotesques des valides qui ont quelque mal à considérer la personne handicapée comme un être normal capable d'aimer, de détester et même de se révolter. Saber Ayeche a estimé, après le spectacle, que l'autodérision est une manière de briser les barrières et de transmettre des messages. Il a également affirmé que «le fait de rire avec les personnes handicapées est une façon de « changer le regard et les mentalités». R. C.